Violette Nozière, Vilaine chérie
Eddy Simon / Camille Benyamina
Édition Casterman, 2014
96 pages
Genre(s) : Bande-dessinée, Drame
Résumé : L’un des plus célèbres faits divers des années 30 revisité en bande dessinée. Un portrait saisissant et la découverte du talent graphique de Camille Benyamina.
Octobre 1934. Assise sur un banc, noyée dans un immense couloir du Palais de justice de Paris, Violette Nozière, 19 ans, toute de noir vêtue, a les yeux perdus dans le vide. Elle attend que son procès reprenne et songe à ce qui l’a conduit ici. Celle que l’on surnomme alors « l’empoisonneuse de la rue de Madagascar » ou la « parricide monstrueuse » laisse ses pensées remonter le temps…
Mon avis :
Si je n'étais pas retournée en médiathèque faire une nouvelle razzia de bandes dessinées, je ne serai sans doute jamais tombée sur celle ci, je ne connais pas l'auteur ni l'illustratrice et le fait divers dont elle est inspirée m'est totalement inconnu... Et je dois dire que passer à côté de cette BD aurait été dommage car c'est une petite perle !
Violette n'a que 19 ans et a déjà un lourd passif; vol, mensonges, prostitution; sa vie l'ennuie, ses parents l'agacent, ses différents amants la frustrent, elle rêve de fêtes, d'argent, de luxe et manipuler son monde ne lui fait pas peur. Quand elle tombe sous le charme d'un jeune homme, elle pense que ses rêves sont à portée de main, mais il leur faut de l'argent, et quoi de mieux que l'héritage que les parents de Violette comptent lui laisser ? Encore faut-il qu'ils meurent et Violette n'a pas l'intention d'attendre que la vieillesse s'en charge...
Malgré la monstruosité du personnage, le traitement de Violette n'est pas manichéen, elle est aussi montrée fragile et aimante (reste à savoir si c'est sincère ou si c'est encore une fois de la manipulation...), à mon sens l'auteur n'a pas de parti pris et cherche vraiment à restituer la manière de penser et d'agir de la jeune fille sans chercher à en rajouter mais sans essayer de la rendre attendrissante non plus.
Ce que Violette peut commettre est atroce, on se demande vraiment comment elle peut essayer de tuer ses parents (deux fois !) aussi froidement, pourtant j'avais hâte de voir comment et si elle allait parvenir à ses fins (je dois être un peu psychopathe !), qu'est-ce qui fait qu'elle en arrive là et ce qui pourrait la faire finalement plonger... C'est vraiment très bien narré, cela ne s’essouffle à aucun moment, c'est percutant mais il y a aussi des moments plus insouciants pour que le récit ne devienne pas lourd, le seul petit reproche que je pourrais faire concerne l’accusation de viol de Violette à l'encontre de son père qui avait apparemment semé le doute à l'époque, j'aurais aimé quelques planches de plus à ce sujet pour se rendre vraiment compte de l'impact que cela a eu, mais à par ce petit bémol j'ai adoré l'ambiance des années 30 et l'histoire est passionnante.
Petit bonus, quelques pages à la fin de la BD sont consacrées à ce qu'est devenue Violette Nozière après le procès, c'est assez bref mais c'est bienvenu, cela m'aurait sûrement frustrée de ne pas avoir cette petite partie et d'être obligée d'aller voir ailleurs pour connaître la suite.
Bref, je suis conquise autant par les magnifiques dessins que par l'intrigue captivante, je surveillerai les futures publications de l'auteur et de l'illustratrice et j’achèterai mon propre exemplaire de la BD pour avoir cette pépite dans ma bibliothèque !
Ma note :