Le monde de Beatrice Prior, alias Tris, ne cesse d'évoluer et l'entraîne toujours plus loin de ses acquis. Et l'histoire de nous rappeler qu'il y a une vie au-delà des murs de la ville de Chicago. (J'avais pratiquement zappé ce détail, j'ai failli être surprise.) En avant donc pour de nouvelles rencontres et d'autres découvertes sur les divergents, les factions et la politique élaborée pour sauver l'humanité. Le temps est à la réflexion, mais c'est assez lent à se mettre en place, très bavard et procédurier. Les discours fleuve dégoulinent des pages du livre et anesthésient notre esprit assoiffé d'action. On ingurgite ainsi énormément d'informations qui complètent notre vision de la série - et la chamboulent aussi sous toutes les coutures.
Est-ce que j'ai apprécié cette nouvelle étape ? Disons qu'elle demande un instant d'adaptation, mais il est vrai que j'ai été moins emballée, car on est à des années lumière du rythme trépidant des débuts. Cette série qui a démarré sur les chapeaux de roue a choisi d'opérer un virage à 180° pour intégrer son discours sur l'acceptation de l'autre et de ses différences, sur le refus de la «pureté des races», qui est une notion abjecte et rédhibitoire, mais que Veronica Roth traite avec tact, non sans maladresse, car ses lecteurs ont aussi eu le sentiment d'être baladés dans ce dernier tome.
Au cœur de cet imbroglio scientifico-politique, la relation entre Tris et Tobias tente péniblement d'exister et cherche coûte que coûte à s'épanouir ou à trouver une base solide. Elle connaît des hauts et des bas, fait planer le doute quant à sa survie après le énième coup dur de l'un contre l'autre. Alors que Tris prend de l'assurance et se relève après chaque chute, Tobias apparaît plus fragile et rongé par ses démons. Il n'en finit pas de ruminer de vieilles blessures mais a appris de ses erreurs et ne veut plus cacher la vérité à Tris. Et alors qu'on s'imagine que le couple joue sur la transparence et a acquis une complicité infaillible, paf, l'histoire de nouveau malmène leur amour et nous renvoie dans les cordes.
C'est une lecture aux émotions en dents de scie - après une lente, lente démonstration de la vie qui s'écoule hors des murs de la ville, l'histoire tente de se désembourber en cherchant un dénouement plausible et propose donc une solution bidouillée à la va-comme-je-te-pousse (je suis déçue par son côté expéditif, mais j'ai aimé l'option prise, les choix audacieux de l'auteur et ce semblant d'apothéose qui survient au chapitre 50). Ce final a su rattraper la sensation de lenteur et d'attente qui a accompagné une grande partie de ma lecture. Je garderai donc une profonde sympathie pour cette série, même si je comprends que d'autres lecteurs aient pu se sentir berner par son évolution après le tome 1. Maintenant je ne crains plus d'être spoilée .... ouf ! ☺
Nathan / mai 2014 ♦ Traduit par Anne Delcourt (Allegiant) ♦ Prochainement au cinéma.
Forte de son succès, la saga Divergente va suivre l'exemple de plusieurs de ses prédécesseurs, comme "Harry Potter", "Twilight" ou "Hunger Games", dont le dernier volet s'était décliné en deux films au lieu d'un. Allegiant fera ainsi l'objet de deux parties (Note de moi-même : mais y-a-t-il matière à en tirer deux films ? je reste dubitative quant au contenu qui s'annonce trèèès long !). Pour info, le calendrier est déjà calé aux Etats-Unis : le 16 mars 2016 pour "Allegiant Part. 1", et le 24 mars 2017 pour "Allegiant Part. 2".