Réverbère, SRC, Lac-Saint-Jean et Queneau, par Alain Gagnon…

Petite histoire — Dans un quartier urbain, un homme se promène dans la nuit.

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Tiré du blog Les Pas Sages

Sous un réverbère, penché vers le trottoir, un autre homme semble chercher quelque chose.
Le promeneur s’arrête et demande :
— Vous avez perdu quelque chose ?
— Mon porte-monnaie.
— Je peux vous aider ?
— Non, ça va, tout est clair ici, sous cette lumière. Je ne trouve rien. Mais je crois bien avoir perdu mon porte-monnaie un peu avant ou un peu après être passé sous ce réverbère.
— Pourquoi chercher ici, alors ?
— Parce qu’ailleurs c’est l’obscurité.
Cette histoire entendue ou lue il y a longtemps m’est revenue à l’esprit à la suite d’une conversation téléphonique.
Nous préférons piétiner dans notre zone de confort à chercher où les probabilités de trouver l’objet de la quête seraient plus assurées.

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chat qui louche, maykan, alain gagnon, francophonie, littérature, QuébecRadio Canada — J’apprécie généralement le travail de notre radio d’État. En bonne partie, elle a transformé et rescapé notre langue. J’aime aussi la rigueur de ses enquêtes journalistiques.
Cependant, on a les défauts de ses qualités. Notre SRC, surtout à la radio, souffre parfois d’un snobisme délirant, qu’accentue un montréalisme acharné.
Entendu cette semaine : un chroniqueur invité chez Catherine Perrin ridiculisait les nouveaux modes de décoration inspirés du zen, qui font des ravages, selon lui. Et il déclarait en substance : l’appartement d’une certaine dame, qui en a été victime, ne plaira certainement qu’à la visite du Lac-Saint-Jean… Forts ricanements dans le studio.
À quel point faut-il se mépriser soi-même pour en arriver à un tel mépris des autres, qu’on évalue selon leur provenance géographique ?

*

J’éprouve mes propres problèmes avec les éditeurs et, comme écrivain et comme éditeur, je reçois beaucoup dechat qui louche, maykan, alain gagnon, francophonie, littérature, Québec questions d’écrivants qui souhaitent publier. Souvent, j’aurais envie de leur citer et de me répéter, à moi-même, ces paroles : Je garde encore en tête le jugement de Charles Nodier : « La plupart des fous conservent assez de raison pour ne pas écrire » et la correction de Raymond Queneau : mais certains maintiennent « assez d’adaptation sociale pour faire imprimer et éditer un livre » .*

  • Arthur Landry, Mystères vrais

L’auteur…

Auteur prolifique, Alain Gagnon a remporté à deux reprises le Prix fiction roman du Salon chat qui louche maykan alain gagnondu Livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean pour Sud (Pleine Lune, 1996) et Thomas K (Pleine Lune, 1998).  Quatre de ses ouvrages en prose sont ensuite parus chez Triptyque : Lélie ou la vie horizontale (2003), Jakob, fils de Jakob (2004),Le truc de l’oncle Henry (2006) et Les Dames de l’Estuaire (2013).  Il a reçu à quatre reprises le Prix poésie du même salon pour Ces oiseaux de mémoire (Le Loup de Gouttière, 2003), L’espace de la musique (Triptyque, 2005), Les versets du pluriel (Triptyque, 2008) et Chants d’août (Triptyque, 2011).  En octobre 2011, on lui décernera le Prix littéraire Intérêt général pour son essai, Propos pour Jacob (La Grenouille Bleue, 2010).  Il a aussi publié quelques ouvrages du genre fantastique, dont Kassauan, Chronique d’Euxémie et Cornes (Éd. du CRAM), et Le bal des dieux (Marcel Broquet) ; récemment il publiait un essai, Fantômes d’étoiles, chez ce même éditeur .  On compte également plusieurs parutions chez Lanctôt Éditeur (Michel Brûlé), Pierre Tisseyre et JCL.  De novembre 2008 à décembre 2009, il a joué le rôle d’éditeur associé à la Grenouille bleue.  Il gère aujourd’hui un blogue qui est devenu un véritable magazine littéraire : Le Chat Qui Louche 1 et 2 (https://maykan.wordpress.com/).