Chronique « Bob Morane – Renaissance, tome 1 »
D’après l’univers de Vernes, Scénario de Luc Brunschwig & Aurélien Ducoudray, dessin de Armand, couleurs de Facio,
Public conseillé : Adultes / Adolescents
Style : Aventure
Paru chez « Le Lombard », le 30 octobre 2015, 60 pages couleurs, 13.99 euros,
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L’histoire
9 mai 2012, Nigéria. Le Sergent Bob Morane, engagé dans les forces de l’Onu passe un sale quart d’heure, en tant qu’observateur d’un conflit ethnique ultra-violent qui oppose les Yoroubas chrétiens et les Haoussas musulmans !
Ce soir là, au checkpoint 61 où il stationne avec sa troupe, un enfant apeuré et couvert de sang court vers lui. Une bande de Yoroubas a pris d’assault la demeure de l’ex premier ministre Kanem Oussman. Ils lui ont coupé un bras et s’apprêtent à continuer le massacre devant sa famille. Laissant de coté son devoirs de non-intervention, Bob fonce, suivi du sergent Ballantine, pour porter assistante à la famille…
Ce que j’en pense
Tout d’abord, soyons clair. Si j’ai lu du “Bob Morane” dans mon enfance, il ne fait pas parti aujourd’hui de mon panthéon BDphyle. Le personnage créé par Henri Vernes et mis en image par Vance était un aventurier-barbouze très macho, qui vivait des aventures teintées de fantastique. J‘ai beaucoup aimé ce personnage quand j’avais 8-10 ans, mais il est très déconnecté de mon envie de réalisme contemporain. C’est donc avec des pincettes que j’ai appris la nouvelle de cette “Renaissance du héros BD” et que j’en ai entrepris la lecture.
Je dois dire que malgré mes craintes… ce nouveau Bob Morane … n’est pas mal du tout. Tout d’abord, Luc Brunschwig a choisi de ne pas le jouer “Vintage”, mais de rajeunir complètement le personnage. Conflit actuel voire futuriste, préoccupations politiques, enjeux planétaires, on est très loin des “temples de dinosaures”. Pour encrer encore plus dans la “contemporalité”, Luc et Aurélien Ducoudray situent cette nouvelle aventure dans un futur proche, une sorte d’anticipation très proche et documentée, où les neurosciences sont déjà là.
Ce Reboot aurait pu être juste une aventure “grand public” divertissante de plus, avec son lot de scènes d’actions et de coups de Trafalgard, mais c’était sans compter sur Luc Brunschwig et Aurélien Ducoudray. Les co-auteurs de la série (premier diptyque annoncé et plusieurs cycles en préparation) ont toujours à coeur d’ajouter du fond à leurs albums et ne s’en privent pas avec ce vieux Bob. “L’éducation est la meilleure des inventions de l’humanité” ? Soit, mais qu’en est-il si l’apprentissage se fait sans effort ? Surtout, ils mettent en image le conflit mondial Nord/Sud tel qu’il se dégage de plus en plus de nos jours avec les dérapages que l’on connaît. Conflits ethniques, religieux, attentats, j’ai eu l’impression que leur fiction était rattrapé par l’actualité … ça fait peur.
Reste la question de la “Licence Bob Morane”. Pourquoi reprendre un personnage ancien, si on casse tout, excepté quelques personnages secondaires référents ? Car il faut bien le dire, à part le géant roux Ballantine dans le décors, ce BOB Morane 2016 n’a que peu de rapport avec ‘L’original”. Bien entendu, la réponse est purement marketing. Il n’est pas difficile d’imaginer combien ce nom est porteur de potentielles ventes. Et après tout qu’importe ? Si Luc et Aurélien arrivent à distiller quelques bons messages sociaux et politiques, enrobés dans une bonne aventure et en vendent pleins, moi je dis “tant mieux pour eux !”
Coté dessin, c’est le jeune dessinateur Dimitri Armand qui nous offre un trait réaliste et contemporain. Élégant, très mature, son style est agréable et claque. Scènes d’actions dynamiques et scènes tranquille, il exploite bien le potentiel “cinématographique” de l’histoire.
Si vous avez lu ma chronique de “Sykes” précédemment, vous avez déjà compris que Dimitri avait bouclé les deux albums en parallèle. Je dois avouer que je préfère son travail sur “Sykes”, que je trouve plus inspiré et personnel. Malgré sa jeunesse, la qualité est là et présage du meilleur pour la suite.