Les Vieux Fourneaux (T3)

Par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Chronique : « Les Vieux Fourneaux, tome 3 – Celui qui part »

Scénario de Wilfrid Lupano, dessin de Paul Cauuet,

Public conseillé : Adultes et adolescents

Style : Comédie
Paru aux éditions « Dargaud », le 13 novembre 2015, 64 pages, 11.99 euros
Share

L’Histoire

Pierrot, déguisé en abeille géante, est embarqué dans un panier à salade après un attentat spectaculaire… au miel… contre le lobby des marchands de pesticides.
Pendant ce temps là, dans le sud, c’est le déluge. Antoine et Mimile servent de Babysitter à la petite Juliette, entre deux vidanges de bassines.
Quand le téléphone sonne, Antoine est sidéré. C’est Berthe des Ravines, la voisine, qui appelle au secours. Ses brebis sont prises dans le courant de la Dourdouille et risquent de se noyer. En râlant tout ce qu’il sait, Antoine met son paletot et part lui porter assistance.
Mimile, lui, tombe dans les pommes…

“Pffiouuu ! Dis donc, parler à des flics, ça reste quand même le dernier grand vertige intellectuel. A nos âges, on devrait être dispensés.”

Ce que j’en pense

Mieux qu’un nouveau Lupano, voici un nouveau “Vieux Fourneaux” (un “VIEUXF” pour les intimes). Aaaah, j’ai faillit manquer !!!! Une année (et quelques) après le tome 2, revoici la bande des vieux croulants, râleurs, gouailleurs et gaucho-à-tendance-anarchistes en pleine forme !

Mais alors, qu’est ce que Wilfrid peut bien sortir pour ce 3e tome ? Très logiquement, il se tourne vers le passé, et en particulier, celui de Mimile, le plus mystérieux des trois potos (qui a passé 40 ans de sa vie dans des pays lointains). Il est temps d’apprendre ce qu’il a vécu là-bas et (peut-être) ce qui l’a décidé à partir ?

Comme une vie ne suffit pas (tiens, ça ferait un bon titre de film, ça…), il déroule un “récit-chorale”, avec une maîtrise de chocolatier suisse.

  • Qui est Berthe, la voisine que tout le monde croit folle pour une histoire à la con ?
  • Que veut le vieil ”angliche”, à la tronche de pirate-mort-vivant-des-caraïbes, qui se trimbale en répétant “La Biouche” ?
  • Quel mauvais coup prépare les successeurs de Garan-Servier ?
  • Quelle action militante Pierrot et son collectif anarcho “Ni Yeux, ni maîtres” ont concoté ?

Wilfrid Lugano entremêle tous les arcs narratifs sans nous perdre, ni laisser retomber le soufflet. Champion, le gars !

“Dans le genre crétin, tu trouvera difficilement mieux… On est dans le sublime. Gnagnagna »

Si j’avais un peu moins apprécié le tome 2 des vieux fourneaux (par manque de surprise ?), j’ai pris un énoooooorme pied en lisant cet épisode. Wilfrid défend son bifteck et ses personnages forts en gueules avec brio. Entre coups de sang, coups de gueules et manoeuvres physiques plus ou moins ratés (ah, ben oui, on est moins souples à cet âge là quand même), il m’a donné une banane, version porte-avion tout au long de l’album.

Alors, pourquoi acheter ce tome 3 ? Est-ce que la sauce prend toujours ?
Oui, les gags et les situations absurdes fusent !
Oui, la vraie-fausse mauvaise humeur et la mauvaise foi sont de rigueur !
Oui, les dialogues sont savoureux !
Oui, les (nouveaux) personnages secondaires sont croquignolesques !

Au delà de tous les “figures attendues de la série”, c’est surtout pour son ton politiquement incorrect que j’aime cette série. Dans une époque où tout est aseptisé et auto-censuré, ça fait du bien. Mais attention, Wilfrid le joue fin et ne met pas tous ses yeux dans le même panier. Tout le monde en prend pour son grade : les papys râleurs, pas foutus de sortir de leurs habitudes ; les jeunes cons qui confondent vie réelle et jeux vidéos. Faites gaffe, les baffes (verbales) volent bas…

« Politiquement, ton grand-père, il dit que des âneries du matin au soir ! Alors, l’hiver, encore, ça va, les journées sont courtes… »

Il m’est difficile de parler séparément du dessin de Paul Cauuet, tant les deux aspects (récit et dessin) sont cohérents. A n’en pas douter, le talent de Cauuet est à 50% responsable du succès “planétaire” de la série. Les gueules, les expressions, les décors, tout est là. Mais bon, on savait déjà que le monsieur maîtrisait parfaitement ses personnages.
La mise en page, elle, est très classique. Paul ne se permet pas de cases éclatées ou de figures de style innovantes. Il faut dire que la narration de Wilfrid est tellement précise que ce serait gâcher…

Pour finir, n’oubliez pas que “Un Amour de BD” est dans la place ! Tentez votre chance sur notre concours “VIEUX FOURNEAUX – 5 Albums à gagner” et restez en alerte. Nous reviendrons avec une interview des auteurs.

« Raaaah! Tu commences à me courir sur l’endive, à toujours poser des questions sur la préhistoire ! T’es marionnettiste ou archéologue ?”



Cet article fait parti de « La BD de la semaine ». Allez donc voir la sélection de la semaine chez Noukette.