Les désœuvrés, Aram Kebabdjian

Par Sara
Le roman d'Aram Kebabdjian propose un synopsis alléchant. Lorsque j'ai reçu ce pavé agressif (518 pages) par le biais de l'opération menée par le site lecteurs.com autour des 68 premiers romans de la rentrée littéraire, j'étais toute guillerette.
Un enthousiasme qui est allé s'écornant au fil des pages, à ma plus grande tristesse.

Dans une situation comme celle-là, il ne reste plus qu'une chose à faire : un feu.
Le synopsis
Dans une société future, la culture s'est imposée dans la Cité et incarne toute réussite. Les résidences d'artistes se sont multipliées, tout est sujet à créer de l'art, sous toutes ses formes, et les artistes en question évoluent dans un monde où on attend qu'ils se renouvellent, qu'ils surprennent, qu'ils continuent à fasciner. Chaque chapitre porte le nom d'une oeuvre, et les protagonistes font partie de ces rangs d'artistes inégaux dans la reconnaissance qu'ils acquièrent et qu'ils tâchent de retenir jalousement. Leur vie est faite de vernissages, de rencontres, d'affres de la création, et ils sont continuellement sous les projecteurs d'une presse avide.
Mon avis
L'intérêt de ce (gros, en plus) roman m'a complètement échappé.
Attention, le synopsis m'avait empli d'un enthousiasme sans borne, j'étais fébrile en débutant la lecture, tant l'excitation m'avait submergée.
Malheureusement, le traitement proposé m'est apparu d'une fadeur inexplicable.
Les personnages ne sont pas attachants : certains sont carrément détestables, d'autres inspirent une certaine pitié, mais on ne va jamais vraiment en profondeur, et leur oeuvre semble toujours souffrir d'une superficialité, d'une course au succès qui aliène l'art et le rend creux, et non pas subversif comme ils en rêveraient. Les relations qui les unissent sont assez inintéressantes, je m'en suis vite lassée, et ne sais par quel miracle j'ai pu parvenir à la fin, soucieuse de ne pas condamner un livre sans l'avoir appréhendé dans sa totalité.
Le plus surprenant, c'est que la prose est belle, si l'on se prend à ouvrir le roman au hasard et lire quelques lignes, on est frappé de sa qualité littéraire, de leur précision, de leur élégance.
Une illustration cinglante qu'être un bon technicien de l'écriture ne suffit pas à proposer un roman intéressant, faut-il croire.
Pour vous si...
  • Vous êtes un snob de la culture, et que vous adoooorez les formules, somme toute, vides de sens dont on affuble parfois les œuvres d'art, pour ne pas se mouiller tant on ne sait quoi en penser, et qu'on n'ose pas être simplement honnête de peur de paraître sot (comportement regrettable, si vous voulez mon avis)
  • Vous avez du temps à perdre.

Morceaux choisis
"Alexandre Sorrus refit le tour de l'exposition. Ces gigantesques images d'un mètre sur deux le contemplaient. Elles étaient si belles - certaines des femmes si désirables. Il n'arrivait pas à s'imaginer où se logeait le mal - où se cachait la mort." (protagonistes devant des photographies de femmes atteintes de leucémie / cancer de l'utérus. Charmant.)
"La vue des serpents, depuis toujours, fascinait Dolorès. Le fait qu'ils fussent articulés d'un seul tenant, souples en tout point de leurs corps, le fait qu'ils pussent s'immiscer dans tout orifice et glisser dans n'importe quelle cavité, suscitait un mélange d'admiration et de dégoût." (seul moment d'empathie pour un protagoniste, sur 518 pages, donc)
"Dis-toi bien une chose, Adrien...l'homme qui désire une femme doit la prendre."
Note finale1/5(flop)