Julian Fellowes excelle dans la description de l'aristocratie, cela n'a rien de nouveau. Il sait en saisir les subtilités et les rendre avec une distance qui nous permet d'en rire. Ici, sa protagoniste, Edith, a des allures d'Emma Bovary, et comme Emma, ses impulsions et certains de ses choix nous indignent, à commencer par le sort qu'elle inflige à ce pauvre Charles (ironie du sort, l'époux d'Edith porte le même prénom que celui d'Emma, à croire que les Charles sont voués à n'être que de tristes personnages, cocus par dessus le marché), qui n'a jamais manqué d'honnêteté à son endroit. La façon dont elle le rend responsable de son ennui et de ses désillusions dénote une immaturité toute aussi grande que celle d'Emma, en un sens. Mais Edith est aussi sans doute plus intelligente et plus tranchée dans ses positions : à peine sa liaison commence-t-elle qu'elle quitte Charles sans sommation, et avec le train de vie auquel elle a pris goût (aucun courage de sa part cependant, elle s'imagine alors troquer une vie d'aristocrate contre une vie de star).
Les analyses sociales et humaines que Fellowes met en exergue sont passionnantes, et sa verve toujours aussi efficace. Snobs était son premier roman, il portait en germes toutes les belles qualités que j'ai trouvées dans Passé imparfait, qui est selon moi une expression plus poussée encore de son talent.
Snobs, Julian Fellowes
L'auteur de l'article : Sara
Voir l'article originalBlogueuse enthousiaste, souvent enflammée, toujours curieuse, parfois guimauve, parfois de mauvaise foi, je n'hésite pas à jouer de digressions et d'humour dans mes chroniques...décalées.