Le Mnémenol de Sébastien Tissandier, Publié aux éditions Le Peuple de Mu, 2015, 154 pages. 2197. Le visage de la Terre a changé. La nature a repris ses droits sur l'Homme. Ce qu'il reste de l'humanité vit reclus dans des villes-bulles, protégées du monde extérieur par leurs champs de force. Depuis leur naissance, tous les individus subissent des injections régulières de Mnémenol, ce liquide qui protège contre les infections des spores végétales du monde extérieur.Alice est une botaniste qui semble développer une résistance au vaccin. Aidée d'Evan, un technicien de la Bulle, elle va découvrir l'ampleur du mensonge dans lequel les humains sont plongés depuis leur naissance et tout faire pour que l'humanité se souvienne de son histoire. J'ai la chance (ou la malchance pour mon compte en banque) d'avoir un collègue écrivain qui alimente fréquemment mes lectures! Son dernier opus Le Mnémenol m'a séduite par son intrigue vraiment futuriste et intelligente. Tout commence dans un des districts de la terre, comprenez une ville qui maintient les habitants sous une bulle hermétique. En effet, la nature extérieure est devenue un territoire vierge de tout présence humaine. C'est un lieu dangereux où les animaux semblent avoir mutés et où les spores des plantes pénètrent dans l'organisme et l'asphyxie. On ne peut s'y aventurer que sous bonne escorte et muni de bouteilles d'oxygène. Les humains sont donc confinés dans leur bulle qui les préserve de tous dangers. Evan et Chloé sont deux techniciens chargés de veiller à la sécurité de cette bulle protectrice. Mais Chloé fait des rêves de plus en plus étranges dans lesquels elle imagine une nature paradisiaque et accueillante. Elle se livre sur les réseaux sociaux. Un jour, Chloé est enlevée. Evan et Alice, la colocataire de Chloé, se lancent à sa recherche... Dès le départ, l'auteur nous met dans l'ambiance. Il imagine une vie sur terre futuriste, sous cloche. Il y a un côté " étouffant " que l'on ressent bien à la lecture du roman. Cette ville qui se veut idéale et en réalité régie par des lois drastiques. De son bureau, le maire du district exprime sa toute-puissance et n'hésite pas à balayer quiconque remet en question la réalité de la terre. Il est aidé par des sorte de cyborgs qui n'hésitent pas à tuer ou à enlever pour taire toute vérité. J'ai bien aimé cette idée de société dystopique dans laquelle tout paraît marcher comme sur des roulettes. En réalité, on cache beaucoup de choses aux habitants de la terre. Evan et Alice, aidés d'autres personnages, vont tout faire pour laisser la vérité éclater au grand jour. L'établissement des districts est basé sur un mensonge vieux comme l'humanité et l'auteur introduit brillamment l'idée de mémoire génétique. Ce thème aurait d'ailleurs pu être plus développé tant il s'avère passionnant.
Je ne peux pas vous en dire beaucoup plus sous peine de vous spolier. Sébastien Tissandier imagine en tout cas une planète qui pourrait fortement ressembler à ce que sera la nôtre dans quelques siècles si rien n'est fait pour empêcher les hommes d'exploiter, tuer et massacrer. Son récit s'ancre dans l'actualité à l'heure de la cop 21. En effet, son roman devient peu à peu une fable humaniste et écologique. Si tout commence en douceur, histoire de poser les bases du récit, tout s'accélère et il m'a été difficile de reposer le roman avant d'en connaître le fin mot. On a presque qu'un regret à la fin du livre: qu'il soit aussi court!
J'ai beaucoup aimé Le Mnémenol. J'ai trouvé l'intrigue intéressante et intelligente. Le récit est mené tambour battant. Défi réussi pour l'auteur qui marie roman de SF et fable écologique!