Jordi Lafebre, l’Excellent dessinateur de « La Mondaine » et « Lydie » nous donne quelques clefs sur « Les Beaux étés », sa nouvelle série avec Zidrou
C’est une nouvelle collaboration avec Zidrou. C’est un duo qui marche ?
J. L. On s’entend bien. Nous avons une relation très fluide. Après “La mondaine”, nous avions des projets différents, mais on avait envie de se lancer sur une série. Après un One Shot (Lydie) et un diptyque (La Mondaine), c’était notre défit final.
C’est une série ouverte avec un épisode par Album. Le second sortira en juin 2016. Il y a déjà un 3e tome de prévu. A partir de là, on avisera.
Le Maître-mot, c’est l’émotion, le plaisir ?
J. L. C’est la lumière ! On voulait faire une série en décors extérieurs, de moments joyeux. Une série “positive”, faites de petites tranches de vie.
L’histoire transmet assez bien l’esprit des vacances. Quand tu sorts du cycle du stress et du travail quotidien, tout semble plus positif. Les journées rallongent. Tu imagines le voyage. Tu peux enfin te reposer, prendre ton temps. Je crois que l’album transmet parfaitement cet esprit…
Y’a t il une filiation, une comparaison avec “Lydie” ?
J. L. Tout à fait, on a fait une parenthèse avec “La Mondaine”. “Lydie” est une histoire centrée sur les sentiments, le positivisme, la gentillesse des gens. Avec “Les Beaux été”, on retrouve ses sentiments, ses personnages attachants. Ce sont des “petits héros de la vie”.
Ton dessin à l’air pris sur le vif. J’ai l’impression de voir des scènes vécues dans on enfance…
J. L. C’est ma manière de travailler qui veut ça. Mes personnages, je les prends dans la réalité. Je les croise dans la rue, dans ma famille… Je m’attache aux expressions observées en vrai, mais j’aime aussi aller plus loin.
Je fais de la bande dessinée pour faire de la caricature, mais c’est une caricature “charmante”.
Le cinéma français des années 50 est aussi une des mes sources d’inspiration. A cette époque, il y avait des acteurs moches, de vraies “gueules”. C’est presque impossible aujourd’hui. J’essaye toujours de trouver un casting de personnages qui ont ces petits défauts.
Tu va chercher des photos d’acteur de cette époque ?
J. L. Non, je me laisse porter par l’envie, sans me sentir obligé de représenter des gens magnifiques. C’est instinctif.
Au delà des têtes, je suis étonné par la véracité des expressions corporelles. Ca semble tellement naturel… C’est de l’observation ?
J. L. C’est de l’imagination. Je travaille le modèle, sa façon de bouger et après je me laisse porter. A la fin, les personnages imposent eux-même leur poses.
L’album est encré dans les 70’s. Comment faire pour typer cette époque ?
J. L. C’est un travail de documentation, de recherche de photos… Quand on évoque la documentation, on pense au moyen-âge, à des périodes très reculées, mais les années 70 font parti de notre passé. J’ai fait un gros travail de recherche photo, car je voulais être crédible. Surtout pour la mode de l’époque en France et en Belgique. Je suis barcelonais. C’était très différent…
Donc, la mode, les cheveux ?
J. L. Exactement, les coupes de cheveux, les habits, les lunettes, le papier peint…
J’ai l’impression que la couleur participe aussi beaucoup.
J. L. C’est toujours une question d’instinct. J’essaye d’imaginer au fur et à mesure que je réalise l’album.
J’ai beaucoup travaillé la mise-en-couleur, avec la lumière de l’extérieur, les sous-bois d’une forêt..
Tu n’a pas utilisé tes souvenirs pour retrouver des sensations vécues ?
J’ai beaucoup voyagé avec ma famille pendant les vacances, comme beaucoup de gens de ma génération. Je cherche dans mon passé l’esprit des personnages. Comment on se sent après 15 heures de voyage ? Qu’est)ce qu’on fait dans une bagnole ?
Pour créer l’univers, j’évite de faire trop appel à mon passé.
Ou allez-vous quand vous partiez en vacances ?
J. L. Avec mes parents, nous visitions l’Europe. Je vivais a Barcelone, donc on ne cherchaient pas le soleil. On a fait la France, La Hollande, La Belgique…On partait pour trois semaines, une fois par an. Cela m’a donné l’envie de connaître le monde.
C’est un plaisir de dessiner des choses importantes pour toi ?
J. L. C’est une sorte de Thérapie. Avec Zidrou, on a la chance d’être très libres, de choisir l’univers. On a pris des épisodes “à nous”. Je voulais faire une série de pique-nique, de famille… Tout l’univers s’est construit autour de nos petites envies. C’est un plaisir énorme.
Interview réalisée le 24 Octobre 2015, au festival « Quai des bulles », par Jacques Viel, pour « Un Amour de BD ».