Au Bonheur des Ogres

AU BONHEUR DES OGRES

Daniel PENNAC

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Benjamin Malaussène a un drôle de métier : bouc émissaire au service réclamations d'un grand magasin parisien où il est chargé d'apitoyer les clients grincheux. Une bombe, puis deux, explosent dans le magasin. Benjamin est le suspect numéro un de cette vague d'attentats aveugles. Attentats ? Aveugles ? Et s'il n'y avait que ça ! Quand on est l'aîné, il faut aussi survivre aux tribulations de sa tumultueuse famille : la douce Clara qui photographie comme elle respire, Thérèse l'extralucide, Louna l'amoureuse, Jérémy le curieux, le Petit rêveur, la maman et ses amants... Le tout sous les yeux de Julius, le chien épileptique, et de Tante Julia, journaliste volcanique. Quel cirque !

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L'idée m'est venue il y a peu de renouer avec un vieil ami de ma jeunesse, un certain Benjamin. Benjamin Malaussène. Jeune homme charmant, frère de famille de son état. Je me suis souvenue que le tout premier bouquin où il apparaissait était "Au Bonheur des Ogres". Bouquin que je possède depuis vingt ans, et qui se trouve au fin fond d'un carton dans mon grenier. Le grenier n'étant pas super bien rangé, j'ai trouvé que j'aurais plus vite fait de me l'offrir en e-book (mais non, je ne suis pas du tout en train de vous raconter que je suis bordélique, que nenni!)

Un coup de clic du doigt sur ma liseuse et me voici branchée sur mon site d'achats numériques favori, à taper "Au Bonheur des Ogres" dans le moteur de recherche. Et là, surprise. Je découvre que maintenant on parle d'une "saga Malaussène"! Wow, eh ben Benji, tu as un fan club ou quoi? Deuxième surprise, je découvre également qu'il existe une "analyse complète de l'oeuvre, fiche de lecture" et un "questionnaire de lecture". J'en conclus que mon Benji est au programme de français, soit au collège, soit au lycée. Grave déception. Ne nous cachons rien hein, je sors de la filière littéraire, je suis bien placée pour pouvoir dire qu'il n'y a pas pire que les lectures obligatoires au collège et au lycée pour vous faire détester un auteur. Mon Benjamin, plaisir de lecture, transformé en personnage de fiche de lecture. Oh my god!

Bon, qu'à cela ne tienne, je l'ai acheté mon "Bonheur des Ogres". ^^ (pour la petite histoire, trois jours plus tard, j'ai découvert que mon exemplaire papier n'était pas au fond du grenier mais sagement rangé dans la bibliothèque. Quand je vous dis que je ne suis pas du tout du tout bordélique.....!!!!)

Que dire de ma lecture? Je les ai tous retrouvés. Benjamin, d'abord, et évidemment. Le sieur Benjamin qui gère ses frères et soeurs en bon frère de famille. Louna, la soeur la plus âgée, a quitté la maison, mais il faut la canaliser quand même : la voici enceinte. Va-t-elle garder le bébé? Clara, la douce et rêveuse Clara, passionnée de photo et passionnée par la vie. Thérèse, la très sérieuse Thérèse, à la fois très terre à terre et... voyante! Jérémie, collégien indiscipliné, légèrement pyromane sur les bords. Et Le Petit (oui, c'est son prénom, "Le Petit", c'est Jérémie qui a choisi), jeune bambin qui est encore à l'âge des dessins à la maternelle, et qui inquiète son monde : c'est Noël, et Le Petit, il ne dessine pas le Père Noël, non, il dessines des ogres Noël. Et il y a Maman. Ah, Maman. La mère de tout ce joli monde, qui va d'aventure amoureuse en aventure amoureuse, qui disparait pendant des mois, revient, généralement enceinte, fait son enfant, le laisse à Benjamin, et repart. Il y a aussi Julius, le chien, qui pue, qui est moche, et qu'on adore.

Benjamain travaille dans un grand magasin parisien (vous comprenez l'allusion au "Bonheur des Dames" de notre cher Emile?). Son job c'est : contrôle qualité. Mais en fait il ne contrôle rien. Ca coûte trop cher. Donc chaque article vendu par le magasin, que ce soit une écharpe, un bidet, une scie sauteuse ou un congélateur, sort du magasin sans aucun contrôle. Et si un problème survient chez le client et que ledit client revienne au magasin en hurlant au scandale, on le laisse hurler un peu, et on appelle Benjamin. Benjamin qui se fait laminer par le client. Benjamin qui s'aplatit comme une crêpe. Benjamin qui se prend une soufflante par la Direction, soufflante tellement conséquente qu'en général, le client finit par en être gêné et prend la défense du pauvre contrôleur qualité. Client qui retire sa plainte. Magasin qui s'en sort tranquilou avec juste une offre de bon d'achat. Le vrai métier de Benjamin, c'est bouc émissaire. Son job, c'est se faire engueuler. Pas très honnête hum... Mais ça nourrit la smala Malaussène.

Oui mais voilà, un grain de sable se prend dans l'engrenage bien huilé du magasin. Des petits vieux kamikazes se font sauter (à la bombe!) dans le magasin, toujours en présence de Benjamin. Un attentat, ça "passe", mais deux, trop bizarre cette coïncidence. La police se penche sur le cas de Benjamin. Le patron des flics, le commissaire Coudrier, a la conviction que Benji n'y est pour rien, mais comment le prouver? Et quelles sont les revendications de ces petits vieux? Des clients mécontents? Mystère...

Tout est écrit et décrit avec beaucoup d'humour. Les quartiers populaires de Paris passent pour des villages pépères, les flics sont à la fois rustres et compétents, le Commissaire Coudrier est à mourir de rire avec sa passion pour Napoléon, les personnages secondaires sont super attachants (le vieux Théo du rayon bricolage, la "Tante Julia" journaliste cleptomane, l'inspecteur Carrega tout en muscles et super taiseux...). Bref, de la littérature joyeuse qui donne la patate! A consommer sans modération!!

daniel

Monsieur Pennac