Oldies : la saga du phenix noir (integrale x-men 1980)

Par Universcomics @Josemaniette
Parmi les récits historiques qui ont contribué à la légende des X-Men, la saga du Dark Phenix occupe véritablement une place à part. Jean Grey, la gentille télépathe et télékinesiste des X-men, au départ jolie petite potiche aux bras de Scott «Cyclops» Summers, est devenue un des personnages les plus puissants du cosmos suite à un retour tragique de l’espace. C’est que les X-men n’avaient pas prévu que le revêtement qui protégeait leur navette des mystérieux rayons cosmiques (les mêmes qui transformèrent les 4 fantastiques ?) allait céder, les condamnant ainsi à un destin aussi tragique qu’inéluctable. Sauf que Jean est capable, de par ses talents sur la télékinésie, de protéger à elle seule le vaisseau en déroute, au prix d’un effort surhumain qui ne sera pas sans laisser de profondes traces. En se sacrifiant pour sauver ses camarades d’une mort certaine, Jean a été transformé en quelque chose d’autre, une force de la nature l’habite désormais : c’est le Phoenix. Sous l’impulsion de Jason Wyngarde, alias Mastermind, le roi de l’illusion, qui œuvre pour le Club des Damnés ( un club select qui désire gouverner le monde et qui a une prédilection pour les tenues sado maso ), Jean bascule lentement et inexorablement vers le mal, et se laisse dévorer par son coté obscur. Mais quand on possède un pouvoir aussi incommensurable, le moindre doute sur votre santé mentale peut avoir des conséquences dévastatrices. La force Phoenix aussi a été contaminé par cette folie galopante, et va évoluer en Phoenix Noir, qui va bientôt aller jusqu’à détruire un système solaire en entier, et souhaiter en faire de même avec notre planète, bien entendu. Vous l’aurez deviné… la seule façon de pouvoir stopper Jean, devenue la plus grande menace qui pèse sur le cosmos, c’est tout simplement de la tuer, avant qu’elle ne tue tout le monde. C’est aussi l’idée des Shi'Ar de la princesse Lilandra, qui décident d’organiser le procès de l’entité et donc de la jeune X-woman. Mais cette dernière est une héroïne au cœur pur et aux sentiments des plus nobles ; si pour éviter quel l’univers périsse, sa mort est souhaitable, alors que mort s’en suive, pour le bien de tous. Sortez vos mouchoirs, et prenez donc une leçon : de l’art d’articuler un récit, d’entretenir le pathos, de créer un comic-book , un vrai, mainstream et pourtant jamais banal. Une des pierres angulaires de toute l’histoire des mutants en Bd, un chef d’œuvre qui bien que daté, se lit et se relit avec toujours autant de plaisir, pétri de nobles idéaux et traversé par un souffle cosmique épique, qui font entrer le jolie rouquine dans l’Olympe des grands personnages made in Marvel. Et qui est disponible (entre autres publications) dans l'intégrale 1980 de la série Uncanny X-Men. Le traumatisme est profond pour les X-Men, qui se retrouvent avant tout face à un adversaire issu de leurs propres rangs. Lorsque le Dark Phenix fait officiellement son apparition, c'est une Jean (anciennement Jean, donc) transfigurée qui toise ses compagnons, et revendique une nouvelle incarnation qui transcende la première, et l'univers tout entier. A coté, Scott Summers, le chef des X-Men et en temps normal le parangon de Jean une fois au combat, fait une bien pale figure avec ses rayons optiques et son slip jaune par dessus la tenue bleu marine. C'est d'ailleurs Jean, et uniquement elle, qui trouve la force et le grandeur d'âme de s'opposer à la force dont elle est l'hôte, jusqu'à s'offrir (pas sexuellement, mais physiquement, dans le sens le plus complet et ultime) à Wolverine, pour un coup de griffe résolutoire et salutaire. Un suicide demandé, un appel à l'aide que les mutants trop lisses et au grand coeur ne savent pas recueillir, et qui aboutira à un dernier round sur la Lune, qui marque à jamais le lecteur de comics saisi par l'ampleur du drame intime et universel. Aux States, on trouve en exergue à certains comics : «Nuff said», une façon de proclamer «Tout est dit, vous avez besoin qu’on en rajoute ?». C’est ce que nous pourrions dire, après vous avoir récité tour à tour : Byrne, Claremont, Phoenix noir. Nuff said. Chris Claremont, c’est le démiurge des incroyables X-Men, l’homme qui sortit de l’anonymat la série pour en faire le titre le plus vendu de chez Marvel. Une science formidable du récit, des trames et sous trames en abondance, un vaste soap opéra mutant qui culmina probablement avec cette saga du Phoenix noir. John Byrne est son dessinateur fétiche sur le titre, probablement le grand nom du genre dans les 80’s, chacune de ses planches sur le titre X étant parfaitement indiscutable, les traits précis et expressifs, lumineux. Une ode Marvel à l'amour et le sacrifice, à la solidarité et au renoncement de soi, et à l'espoir qui devrait toujours animer les causes les plus nobles, même si parfois les plus désespérées. On a parfois du mal, en relisant ces épisodes, à se faire à l'idée qu'il s'agit du même Scott Summers que nous lisons aujourd'hui, à la tête d'une guérilla pro mutante, et que Jean ne soit plus là dans les parages pour lui rappeler qui il est et d'où ils viennent. Ah si, objecterez-vous, Brian Bendis a ramené les All-New X-Men du passé justement dans cet objectif. Et là j'esquisse un sourire narquois, ou résigné (à vous de choisir) et je pousse un soupir.  A lire aussi :  Intégrale X-Men 1990 (II) : X-Tinction Agenda