Depuis 1968, le robot Ultron est un des adversaires les plus redoutables des Avengers (depuis l'épisode #54 pour être précis). A cela une raison, c'est une créature évolutive, qui s'adapte et revient régulièrement sous une nouvelle forme mise à jour, donc plus forte et menaçante que la précédente. Outre le fait qu'elle est une menace pour l'humanité, puisque Ultron professe le remplacement des êtres de chair et de sang par des constructions artificielles. Cette fois, ce graphic-novel signé Remender et Opena nous emmène dans l'espace, plus précisément sur le satellite Titan, le lieu de résidence et d'origine d'une partie des Eternels. C'est Starfox qui s'y colle le premier (cet ancien Avengers dont les pouvoirs aphrodisiaques lui permettent de passer du bon temps avec tout ce qui lui passe sous la main. Le séducteur absolu), et bien sur ce n'est pas une réussite. D'où l'idée de faire appel aux Avengers en renfort, afin d'éviter que non seulement la Terre tombe aux mains des idées folles du robot, mais carrément l'univers tout entier. C'est le point de départ d'une nouvelle grande bataille qui se développera dans le cosmos, et qui semble de premier abord vouée à l'échec. Un rôle fondamental est joué par le Docteur Hank Pym, et ses choix personnels, lui qui est le père créateur de l'ennemi du jour (même si le film des Avengers nous offre une autre version, bien plus discutable et peu crédible). La bonne idée de Rick Remender (qui est un peu le spécialiste des récits à tension familiale) est de laisser une part notable à la psychologie et surtout aux rapports filiaux qui unissent les intervenants, comme Pym "géniteur" d'Ultron lui même père de la Vision. Un scénario bien amené et présenté, avec de vraies bonnes intentions, qui souffre cependant de dialogues pas toujours inspirés, et d'un manque de cohésion globale entre tous les différents personnages en dehors de cette famille dysfonctionnelle. Jerome Opena, le dessinateur, est comme à son habitude en forme notable, et ses planches respirent la fluidité, l'aisance plastique, et donnent à l'ensemble une vitalité qui emporte le lecteur dans ses spires, dès le premier regard. Il reçoit l'aide de Pepe Larraz pour conclure ce graphic novel, et force est de constater que ce dernier fait honneur à la tâche qui lui incombe. Nous avons là un volume qui mérite amplement que vous vous y intéressiez, avec cette question ambiguë qui revient, cette comparaison cruciale entre Pym et sa créature, qui peuvent être vus comme les deux faces d'une même médaille, certains traits de caractère et certaines tares plus accentués chez l'un que chez l'autre. La conclusion choisie par Remender est éloquente et possède des relents shakespeariens qui satisferont la plupart d'entre vous. Même s'il est question ici d'intelligence artificielle, le scénariste n'entend pas nous asséner un cours de science ou une morale bas de gamme à accepter sans discuter, mais axe sa pensée sur le but à donner, et l'évolution ultime, de la créature Ultron. Vous êtes humain, un robot, un alien? Peu importe, car ce sont vraisemblablement vos gestes, vos agissements, vos actions, qui détermineront qui vous êtes, ce que vous êtes, ce que vous pouvez devenir. Un début de définition de ce que devrait être, de ce qu'est l'humanité. A lire aussi : Avengers : L'ère d'Ultron, la critique du film