Les Mensonges dans nos têtes
Par Robin TALLEY
Genre : Historique
Pour un publique jeune adulte
Chez Mosaïc
Lu dans le cadre du Challenge contre l’homophobie
13€90 – 352 pages
Résumé : Les filles sont faites pour se marier… Les Noirs et les Blancs ne doivent pas se mélanger… Une fille ne doit pas embrasser une autre fille… Linda ne doit pas aimer Sarah.
Rien que des mensonges?
1959, en Virginie. C’est l’histoire de deux filles qui croient qu’elles se détestent — parce qu’elles n’ont pas la même couleur de peau et qu’elles ne sont pas nées du même côté.
C’est l’histoire de Sarah et Linda qui croient qu’elles se détestent… mais c’est aussi l’histoire de l’année où tout va changer — parce que les mensonges des autres vont voler en éclats et que les vies, les cœurs de Sarah et Linda vont s’en trouver bouleversés pour toujours…
– De toute façon, embrasser, ce n’est pas grave tant que ça en reste là. Tu te souviens de ce que disait toujours la grand-tante Mabel ? « Jupe aux mollets, culotte aux reins, tu ne risques rien. »
Commençons superficiellement : cette couverture, cet objet-livre est magnifique, voulant tout dire sur l’histoire dans laquelle nous allons nous plonger ! Très bon choix éditorial, Mosaïc ! Je vous remercie d’ailleurs pour ce service-presse !
Robin Talley commence très fort, avec ce premier roman, Des Mensonges dans nos têtes. Une auteur à suivre de près, je vous le dis !
Elle possède cette écriture qui, sans être surchargée comme nous pouvoir facilement le voir chez les jeunes écrivains, nous emmène directement dans son récit. Et quand je dis directement, c’est directement ! In media res ! Pas le temps souffler, à peine pour respirer.
Le roman est divisé en quatre parties, alternant les points de vue entre Linda et Sarah, nos narratrices. La plume de l’auteur ne perd pas de son intensité lors de ces changements. J’avais peur de faire face à des parties inégalement intéressantes. Hé non ! L’écriture de Robin Talley est irréprochable, si ce n’est qu’elle se bâcle légèrement juste avant l’épilogue, allant un peu trop vite à mon goût. Rien de trop dérangeant, heureusement. Malgré ce détail qui peut en frustrer plus d’un, tout est pertinent dans ce roman. Les dialogues sont écrits avec brio. D’ailleurs, ils montrent parfaitement le bourrage de crâne de leurs locuteurs, lorsqu’il s’agit de parler de Noirs, de ségrégation ou d’égalité. Ce ne sont pas leurs mots qui sortent de leur propre bouche, mais ceux de leurs parents.
Des Mensonges dans nos têtes un roman extrêmement réaliste. L’ouvrage est documenté, comme nous le rappelle la bibliographie en toute fin. Nous le ressentons, dans notre lecture. Rien n’est laissé au hasard et pourtant, nous n’avons pas cette impression de lire un traité spécialisé dans la ségrégation aux États-Unis. Quand je vous disais que Robin Talley écrit bien ! L’intrigue de notre roman est extrêmement bien préparée. Certes, Des Mensonges dans nos têtes est un roman où nous connaissons plus ou moins la fin dès le début, mais nous poursuivons notre lecture. Parce que Sarah est une fille, non : une femme extrêmement attachante. Elle se bat pour elle, pour sa soeur. C’est une battante, un personnage fort comme je les aime. Linda, elle, cache cette force. Elle est dans le déni, elle veut croire tout ce qu’on lui dit. Robin Talley a su montrer son déroulement de pensées, son changement d’opinion sans vraiment mettre de mots dessus, avec brio encore une fois.
Cette auteur nous vend du rêve, vraiment.
Elle nous plonge dans une ambiance oppressante, faite de crachats, de coups bas et d’insultes. Tous les jours, toutes les heures, toutes les minutes. Elle nous plonge dans le quotidien de plusieurs élèves noirs entrant dans une école qui est – en plus d’être exclusivement blanche – extrêmement raciste et traditionaliste. Nous sommes dans le Sud. Ils sont Sudistes.
J’ai beaucoup aimé voir les mentalités crées de toutes pièces par les adultes, j’ai beaucoup aimé voir ces gosses commencer – ou non – à réfléchir par eux même.
Des Mensonges dans nos têtes parle pas seulement de racisme. Il parle d’acceptation de soi, d’homosexualité, de la condition de la femme à cette époque.
Malheureusement, il n’a pas été un coup de cœur pour moi. Une excellente lecture, oui, mais pas un coup de coeur. Il m’a manqué ce petit quelque chose indéfinissable qui fait les coups de coeur.
Mais lisez le, ce livre est merveilleux. Il fait réfléchir, il fait apprendre. Lisez le.
5/5