Un lutin et un poussin sous la pluie (Claude Ponti) cherchent acquéreurs.
Gloups!
Le calendrier afficheaujourd'hui la date du 19 novembre. Et c'est déjà demain, vendredi 20 novembre, à 20 heures, que s'achève la cinquième vente aux enchères du Muz, le musée des œuvres des enfants créé en 2009 par Claude Ponti(lire ici)!
A la décharge de chacun, la semaine écoulée.
Au lendemain des attentats de Paris, Claude Ponti écrivait ceci.
Ici, au Muz, on a réfléchi aux lendemains de la nuit d'hier.
Car les lendemains s'enchaînent. Deuil. Soins. Recueillement. Questions. Trouver ce qui est à dire et à faire pour les autres lendemains.
Ici, au Muz, nous avons un lendemain prévu de longue date: la vente aux enchères d’œuvres d'auteur(e)s de livres pour enfants et de BD pour soutenir le Muz qui a besoin d'argent.
La clôture de la vente est vendredi soir 20 novembre. Un lendemain dans cinq jours. Une question d'argent. Obscène aujourd'hui.
Non.
D'abord parce rien ne doit dicter notre conduite après cette nuit de meurtres. Sinon la réflexion. L'appel au sens de ce que l'on fait.
Que faisons nous avec le Muz?
Nous faisons vivre un lieu d'accès gratuit n'importe quand et de n'importe où à la culture humaine sans distinction d'origine, de naissance, d'option religieuse, philosophique ou politique. Je dis culture humaine parce que si nous exposons et valorisons des œuvres d'enfants c'est que nous sommes, nous humains, des êtres de culture. Sans culture aucun bébé ne sera un bébé humain, et aucun, absolument aucun ne deviendra un être humain plus tard.
Chaque fois qu'ils le peuvent, les enfants se construisent en dessinant, écrivant, sculptant, peignant etc. Lorsqu'un enfant dessine un bonhomme, il se dessine. Même sous forme de patate à bras mous et doigts de carottes, il se dessine lui, lui en soi, lui parmi les autres, lui en regard et au regard des autres, lui avec les critères traditionnels humains et leur questionnements.
Grâce au Muz les enfants peuvent savoir à quel point c'est sérieux d'être enfant, de se construire enfant, d'être reconnus en tant que tel. Et savoir que des adultes prennent au sérieux ce sérieux.
Grâce au Muz des enfants savent que certains d'entre eux produisent des œuvres qui "parlent humain" parfois aussi fort, aussi juste et de manière aussi pénétrante que des œuvres d'adultes.
Grâce au Muz des enfants vivent des contacts fructueux, avec les œuvres d'autres enfants d'un peu partout, au delà des différences de cultures, d'âges et de géographie. Ils se comparent, se confrontent, s'enrichissent et, chemin faisant, se construisent en construisant par le fait un monde de communication et de respect entre eux. Par delà les différences imposées et les idées contraintes.
On touche là à l'essentiel. Le Muz est un moyen formidable d'aider les enfants à être, à se connaître, à pratiquer des disciplines constructives enrichissantes et nourrissantes. À ne pas craindre l'autre, mais à en tirer l'estime et le respect de soi.
C'est justement ce que voudraient anéantir les assassins et leurs commanditaires. Ce bonheur de réussir à être soi, pensant, à s'enrichir de l'autre, à partager les doutes et les réussites, à s'apprendre en apprenant l'autre par ses œuvres. L'échange d’œuvres est une fréquentation de l'intime au plus profond des personnes impliquées, prenant/donnant, donnant/prenant. Ce que haïssent certains.
Il n'est donc pas question que nous, le Muz, nous renoncions à cette vente aux enchères car c'est la seule réponse juste et sensée que nous avons trouvée. Nous devons ce site aux enfants.
Il est question d'argent? de se faire des cadeaux? Et même plaisir? OUI. Pour les enfants et pour les morts, les blessés, pour la vie humaine telle que nous pensons qu'elle doit être: autrement que victime désignée au hasard ou spectateur impuissant des turpitudes grotesquement criminelles de ce monde.
Je ne sais rien faire d'autre que ce que je fais. Des livres pour les enfants, le Muz. C'est ma part. Et pour le Muz, c'est notre part, celle de celles et ceux qui y travaillent avec moi depuis des années. Et vous, qui nous avez soutenus. Voilà. C'était long. Mais je crois que vous et nous, on a un boulot à faire et qu'on doit le faire. Continuez à soutenir le Muz, et cette année plutôt deux fois qu'une. Je vous embrasse. C.P.
Donc, si vous avez envie d'accrocher une (ou des) œuvre(s) originale(s) d'un(e) illustrateur(trice) pour enfants à vos murs, tout en soutenant un beau projet, dépêchez-vous!
"Napoléon" de Bruno Heitz (et des compléments de choix).
"A dos de poisson", de Chen Jiang Hong.
"Tempête" de François Place.
On retrouve cette année les artistes déjà donateurs lors des éditions précédentes et toute une série de nouveaux généreux. En voici la liste, par ordre alphabétique. Ils sont vingt-sept et offrent 73 œuvres au Muz, parfois complétées de croquis ou d'autres surprises (tout est indiqué sur les fiches du site).
Ianna Andréadis, May Angeli, Jeanne Ashbé, Cati Baur, Frédérique Bertrand, Emile Bravo, Chen Jiang Hong, Kitty Crowther, Olivier Douzou, Henri Galeron, Charlotte Gastaut, Bruno Heitz, Thomas Lavachery, Pascal Lemaître, Alan Mets, Dorothée de Monfreid, Pef, Geoffroy de Pennart, François Place, Claude Ponti, Sara, Frédéric Stehr, Tardi, Anaïs Vaugelade, Marie Wabbes, Emmanuelle Zicot, Lisa Zordan.
"Trois souris sur un canapé" de Henri Galeron.
"Le livre de la jungle", par May Angeli.
Les œuvres appartiennent à différents registres: d'innombrables poussins et quelques lutins de qui on sait, les personnages célèbres, les univers marins, les loups, les drôles d'animaux, les événements historiques, sans oublier les... Belges.
Frédéric Stehr.
"La petite peintre" (Anaïs Vaugelade).
La liste complète des œuvres en vente se trouve ici.
Dès ce jeudi 19 novembre, les œuvres mises en vente sont exposées à la galerie L'art à la page (12 Rue Servandoni, 75006 Paris). La vente se terminera, on l'a dit, le 20 novembre à 20 heures, lors d'une soirée à la galerie L'art à la page où les enchères en ligne seront closes simultanément.
Pour enchérir, il faut
- envoyer un mail à l’adresse [email protected]
- indiquer nom, prénom, adresse postale, numéro de l'œuvre pour laquelle on enchérit et son titre, ainsi que le montant de l'enchère (cinq euros minimum).
A tout moment, on peut suivre l'évolution des enchères en regardant les fiches des œuvres.
En voici encore quelques-unes.
Ianna Andreadis.
Kitty Crowther.
Jeanne Ashbé.
Marie Wabbes.
Olivier Douzou.
Frédérique Bertrand.
Dorothée de Monfreid.
Pascal Lemaître.