Résumé :
Une guerre atomique dévaste la planète, et dans la France détruite un groupe de survivants s'organise en communauté sédentaire derrière les remparts d'une forteresse. Le groupe arrivera-t-il à surmonter les dangers qui naissent chaque jour de sa situation, de l'indiscipline de ses membres, de leurs différences idéologiques, et surtout des bandes armées qui convoitent leurs réserves et leur «nid crénelé» ?
Editeur : Gallimard
Collection : Folio
Mon avis :
Malevil est resté dans ma PAL plusieurs année. J'avais déjà lu du Robert Merle (Madrapour) que j'avais trouvé génial. Mais sa taille me dérangeait-décourageait un peu. Je me suis pourtant lancée et j'ai apprécié ce livre, finalement lu en quelques jours à peine, malgré un début et un épilogue que j'ai jugé un peu longs.
J'ai apprécié le parti pris de l'auteur de ne pas insister sur les raisons qui ont provoqué la destruction de la planète. Nous, lecteurs, sommes comme les personnages : nous devons nous contenter de suppositions. Mais ces raisons ne sont pas, non plus, le sujet du livre. La thématique centrale est la restructuration d'une société, le rétablissement d'un ordre dans le chaos pour assurer la survie des quelques hommes et femmes rescapés.
Dès le début de cette aventure humaine, le lecteur est touché par la solitude nouvellement acquise des personnages : plus de famille, d'amis, d'animaux, de demeures. Forcément, cela pousse le lecteur à se projeter : et si cela arrivait, si je survivais à une apocalypse, arriverai-je seulement à survivre à mes souvenirs ?
L'écriture de Merle est précise, méticuleuse. Les dynamiques de groupe, les comportements humains sont d'une justesse viscérale, poignante. Au point que les personnages ne m'ont pas quitté sitôt la dernière page refermée. Au contraire, j'entendais encore Emmanuel, le narrateur et leader d'un groupe de survivants, me raconter leurs aventures dans l'enceinte de la forteresse.
Évidemment, comme dans beaucoup d'oeuvres de fiction, écrites ou cinématographiques, relatives à une fin du monde, des thèmes reviennent inlassablement. C'est le cas, par exemple, de la religion. Dans un monde chaotique, il devient simple de se faire passer pour un homme de foi et à Malevil ou plutôt le village avoisinant, on n'y échappe pas.
Le lecteur assiste également à l'établissement d'une forme de vie communiste qui s'attache aussi bien aux objets, animaux qu'aux humains. Je n'ai pu m'empêcher de remarquer que dans de telles conditions, les hommes prennent la place de leaders, reléguant la femme au rôle de créatrice de vie - rôle qu'elle revêt avec joie, dans lequel elle s'enferme avec soumission et bonheur.
Sans vouloir provoquer de débat, il y a sans doute quelque chose - que j'avoue ne pas comprendre- qui tient de l'orgueil, de la mégalomanie oserai-je même, voire peut-être de la philanthropie dans le fait de vouloir repeupler un monde dévasté par ses semblables. De devenir la nouvelle Eve. Au-delà de toute pensée idéologique, féministe, pourquoi prendre le risque de mourir en couche - car il n'y a plus de médecine ni de médecin - alors qu'une simple coupure se gangrène ? Vous l'aurez compris, je ne suis pas fan des histoires où la femme, par décision de l'homme, doit se soumettre à la tâche de repeupler un monde.
Était-ce voulu par l'auteur afin de faire réfléchir le lecteur sur ce thème en particulier ? Était-ce inconscient, les rôles sexuels étant profondément ancrés dans les mentalités, les habitudes ? Je ne saurai. Mais cela a constitué pour moi le gros nuage noir de cet ouvrage. Cependant, je ne veux pas diaboliser l'auteur : ces idées se retrouvent dans nombre d'autres romans, nouvelles. Tel est le cas d'ailleurs de La planète aux vents de folie de la féministe Marion Zimmer Bradley.
Pour conclure, Malevil est un livre que je recommande si vous souhaitez un roman prenant qui vous confronte à un large spectre de sentiments : solitude, injustice, mais aussi bonheur, optimisme. Ne vous laissez pas intimider par son épaisseur.
Poppy - pessimiste depuis que l'homme est homme.