Ma dernière virée en centre commercial m'a brutalement plongée dans le bain psychédélique de la période de Noël.
Et c'est avec l'intention avouée de vous le recommander comme cadeau de Noël que je vous présente le livre du jour.
La Boutique Vif-Argent est une série écrite par Pierdomenico Baccalario (en V.F. Pierre-Dominique Bachelard), auteur de la série Ulysse Moore, chez Bayard Jeunesse, que je ne connais pas. Les tomes de la Boutique Vif-Argent sont illustrés par Iacopo Bruno (en V.F. Jacob Lebrun*), traduits de l'italien par Diane Ménard, publiés chez Gallimard Jeunesse.
Le premier tome, Une Valise d'étoiles, nous présente Finley et son quotidien de décrocheur scolaire et rêveur des sous-bois. Finley a 13 ans et vient d'apprendre que, en conséquence de ses journées d'école buissonnière, il va travailler tout l'été comme facteur, pour apprendre la vraie vie. Finley vit depuis sa naissance à Applecross, petit village écossais sans histoires dont il connaît tous les recoins, imaginez donc son étonnement lorsque, son premier jour de facteur, il tire de sa sacoche une lettre destinée à la " Famille Lily " (famille qu'il ne connaît pas), " Boutique Vif-Argent " (il n'a jamais vu de boutique de ce nom), à une adresse qui n'existe pas. Pourtant, lorsqu'il s'y rend, il tombe sur une bicoque rouge à flanc de falaise, et rencontre la fascinante Aiby Lily, une jeune fille de son âge qui, aussitôt et irrémédiablement, l'entraîne dans son univers...
Car, voyez-vous, il y a des milliers d'objets magiques dans le monde. Des tapis volants, des bottes des sept lieues, des clés mystérieuses, des fleurs d'ennuis... Des milliers. Mais un seul endroit pour les protéger des mauvaises personnes intéressées : la Boutique Vif-Argent.
Le second tome, La Boussole des rêves, fait grandir Finley. Ses rêveries se teintent d'envie et de frustration. La nouvelle aventure qu'il vit avec Aiby, où tous les deux doivent affronter leurs ennemis (des magiciens jaloux, des êtres légendaires tirés du folklore écossais, un frère culotté, mais aussi des foules en colère), lui permet d'explorer ses vices et ses vertus. À la fin, avec beaucoup de poésie, Finley comprend la personne qu'il veut être et l'homme qu'il veut devenir.
Pourquoi vous recommandé-je cette série ?La réponse honnête : le récit en lui-même n'est pas ce qui se fait de mieux en terme de plongée dans le fantastique, MAIS...
Les plus :- Les personnages sont attachants. J'aime assez ce balourd de Doug, le grand-frère frimeur de Finley, et aussi son chien Chiffon.
- La langue de l'auteur est assez poétique. De nombreux passages ont un air de promeneur solitaire, la nature un peu sauvage de ce coin d'Écosse est décrite avec les yeux aventureux d'un jeune garçon et la délicatesse nostalgique d'un homme.
- Et, surtout, l'objet livre est magnifique. Les illustrations de Iacopo Bruno d'une part, et le travail d'édition d'autre part, en font une expérience de lecture vraiment belle (malgré les soucis de narration du premier tome, dont je vous parle après). Le roman est en effet publié en grand format cartonné avec jaquette brillante et (si mes souvenirs sont bons) gaufrage. Et l'histoire est émaillée d'illustrations pleine page par Bruno qui nous ravit par son interprétation personnelle des objets magiques de la Boutique Vif-Argent. Pour en prendre plein les mirettes :
Mais il y a des moins :
- La série est assez old-school, ce qui n'est pas un " moins ", c'est même assez charmant, l'ennui est que cela se déroule en 2013. Du coup, dans cette ambiance Club des Cinq, chaque mention d'un jean déchiré et d'un smartphone paraît décalée.
- Le tome 1 est un peu frustrant car il s'achève au moment où Finley pénètre enfin dans la fameuse Boutique Vif-Argent ;
- Ce même tome 1 est affublé d'un bizarre vice de forme que j'appellerai le spoiler nonchalant. L'auteur passe son temps à nous faire le coup du " Je ne le savais pas encore à cet instant mais [ici insérer révélation de ce qui se passera plus tard] ". C'est un procédé (le " flash-forward " ou en V.F., la prolepse) qui vise à créer une tension en en révélant juste assez. Ce qui invite le lecteur à tourner les pages plus vite, parce que nom de Dieu, il va se passer un truc !Quand c'est bien fait (par exemple, dans Plus de morts que de vivants, dont je reviendrai vous parler, où l'auteur s'en sert tout le temps), c'est très efficace. Mais ici, au détour d'une phrase, l'auteur nous donne beaucoup trop d'éléments, il n'y a plus de mystère à découvrir (d'où le spoiler nonchalant).Par ailleurs, quand Finley décrit des choses qu'il ne peut pas voir lui-même et que personne n'a pu lui raconter non plus, c'est incohérent avec la narration interne à la première personne choisie par Baccalario. Comme ça revient souvent dans ce volume, c'est le problème principal à mes yeux.
La bonne nouvelle, c'est que ces " moins " sont complètement absents du tome 2 (à part le côté old-school) qui, du coup, est vraiment sympa, et permet de profiter pleinement des " plus " de cette série.
Bref, si vous avez dans votre entourage un jeune lecteur entre 8 et 11 ans : ces livres sont très accessibles, la série ne comptera que 4 tomes, et ça fait un superbe cadeau au pied du sapin. (Et quitte à offrir un livre qui ne sera pas lu (c'est souvent le cas à Noël AHEM), autant en offrir qui seront jolis sur les étagères.)
Dans l'hypothèse où je n'aurais pas le temps de rédiger un théma Livres à offrir pour Noël, j'en profite pour vous recommander ici le MAGNIFIQUE, SUBLIME, MIRIFIQUE et ÉPOUSTOUFLANT...
Harry Potter illustréC'est une nouvelle édition mondiale sortie en Octobre dernier : le texte intégral de J. K. Rowling illustré par l'artiste Jim Kay. Et c'est une expérience extraordinaire. Une occasion de découvrir ou redécouvrir ce désormais classique de la littérature fantastique. Avec les pleines pages couleur de Kay, la magie opère plus que jamais. Pour en prendre à nouveau plein les mirettes :
Récapitulons. Si vous ne savez pas quoi offrir à un enfant lecteur** à Noël :
(Même si j'essaierai de vous proposer une liste thématique Noël)
Bonne lecture,
* Pierre-Dominique Bachelard et Jacob Lebrun : traductions complètement inutiles mais ça me fera toujours rire. Ayerdhal s'amuse à ça dans sa nouvelle RCW, où l'on trouve quelques grands noms de la littérature de l'imaginaire adaptés en français. Extrait :
Edgar Alan Poe -> Edgard-Alain PotMary Shelley -> Marie Chênaie
Herbert George Wells -> Hubert-Georges Galles
Philip K. Dick -> Philippe K. Bite
Sur une même thématique, saviez-vous que, dans les versions françaises de Star Wars, Luke Skywalker avait dans les premiers temps été traduit par Luc Courleciel ou encore, selon des sources difficilement vérifiables, Lucien Marcheciel ? On trouve encore la première version dans de vieilles éditions (éditions qui, du coup, doivent valoir de l'or. Il faut avouer que c'est magique. LUC COURLECIEL.).
** Un enfant lecteur ou, si vous êtes quelqu'un de malhonnête, un enfant à qui vous pourrez piquer ses livres. #RPZlesParentsIndignes