Anna Madrigal

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« Anna Madrigal »

MAUPIN Armistead

(L’Olivier)

Il y a une vingtaine d’années, le Lecteur s’était lancé à la découverte de la longue suite des « Chroniques de San Francisco ». Parmi ses personnages hauts en couleur. Anna Madrigal, en premier lieu. Anna Madrigal et sa cour : Mary, Michael, Brian et tant d’autres. Gays, lesbiennes, transgenres qui avaient façonné autour d’Anna une sorte de contresociété, une société alternative en quelque sorte. Des histoires d’amour. De la fumette et quelques autres substances illicites. Mais surtout, en filigrane, la contestation de l’ordre établi et de la morale puritaine, la transgression quasi permanente et une joie de vivre que n’altéraient ni les souffrances ni les drames, en ces années où le sida exerçait au plus fort ses ravages. Le Lecteur éprouva alors une forte empathie à l’égard de tous les personnages qu’Armistead Maupin greffa à ses chroniques successives. Sept ? Huit ? Le Lecteur ne prendra pas le temps de vérifier.

Dans cet antépénultième épisode, Anna Madrigal cavale allègrement vers ses cent ans. Elle a quitté San Francisco pour s’installer dans un bled perdu du Nevada où un gentil trans l’a suivie et pris en charge les modalités de son quotidien de vielle dame quasi impotente. Un bled où sa propre mère dans un autrefois lointain régnait sur une maison de peu de tolérance. Les autres, les anciens locataires d’Anna, les survivants vieillissent à San Francisco ou ailleurs. Mais cette fois, le récit s’essouffle. Le récit cahote. A un point tel que le Lecteur égara parmi quelques pages insignifiantes l’empathie qui l’avait rapproché de la plupart des personnages. Un roman qui, au bout du compte, ne lui posa qu’une seule question : le vieillissement ne déboucherait-il, au bout du compte, que sur l’irrémédiable tarissement ?