Ça m’agace de plus en plus cette manie qu’ont les éditeurs d’en appeler à la figure tutélaire de Carver dès qu’il s’agit de présenter un recueil de nouvelles américaines. Arrêtons de comparer l’incomparable. D’ailleurs ici, point de pauvres hères déboussolés comme chez le grand Raymond mais plutôt des gens qui ont tout pour être heureux, à qui il ne manque rien, et qui se sentent pourtant totalement démunis.
Barbash entraîne ses personnages à un point de rupture, au bord du précipice. Des personnages qui se débattent comme ils peuvent et constatent qu’il n’y pas grand-chose à faire pour échapper à la chute. Le tout dans un style direct et épuré, loin de toute circonvolution psychologique plombante. Le plus incroyable est qu’il nous amène à aimer ces êtres si imparfaits, lâches ou égoïstes. Peut-être parce qu’à travers leurs plaies, leur chagrin, leurs angoisses et leurs regrets se reflète ce qu’il y a de plus humain en chacun de nous.
Sobre et mélancolique. Forcément, j’ai beaucoup aimé.
Les lumières de Central Park de Tom Barbash. Albin Michel, 2015. 258 pages. 22,90 euros.
L'avis de Cathulu