L'Art de la Guerre est un traité de stratégie, enseignant au lecteur l'art de bien mener une guerre, de la remporter, donc. On l'attribue à Sun Tzu, au V° siècle avant Jésus-Christ, qui s'est inspiré de la philosophie chinoise, associant aspect technique et philosophique. Ce même auteur que rencontre Deadpool au début de cet album qu'on devine sanguinolent, entre un ouvrage expliquant comment bien gérer des conflits armés, et un mercenaire qui ne rechigne pas à jouer du sabre ou de la mitraillette. En gros, Deadpool est parvenu une nouvelle fois à se balader dans le temps, et il va interpréter à sa manière déviante ce texte oriental. En fait, il va même tenter de faire publier l'ouvrage au temps présent, mais comme vous pouvez le comprendre pour d'évidentes raisons de redondance, aucun éditeur ne va se révéler intéresser. Seule solution pour être édité, apporter de l'eau au moulin de la guerre, à savoir provoquer une situation explosive pour que le livre soit vu comme pertinent ou nécessaire. Deadpool se creuse brièvement la tête avant de se décider à placer ses billes sur un vilain bien connu de l'univers Marvel, le spécialiste dès lors qu'il s'agit de tromper l'adversaire et d'instaurer un climat malsain de défiance et de fourberie : Loki, le demi-frère de Thor. Avec un tel as dans la manche, Wade espère mettre Asgard puis la Terre en ébullition. Bien entendu, il faut voir cette aventure comme une grosse blague potache, une sorte de divertissement grossier où le prétexte de départ (l'ouvrage de Sun Tzu) n'est qu'une excuse pour mettre Deadpool et les autres personnages dans des situations grotesques et barbares. Peter David a déjà été beaucoup plus inspiré et subtil. Déjà, le premier épisode est lent et met des plombes avant de décoller vers quelque chose de plus précis. Et une fois que nous sommes plongés dans le feu de l'action, les nombreux clins d'oeil au Marvelverse ne suffisent pas pour sauver ce récit de l'approximation et de l'ennui. Le seul moment où j'ai vraiment souri est lorsque Deadpool choisit avant tout quelle version de Loki il va employer, et le scénariste en profite pour nous glisser subtilement combien ces différentes incarnations (enfant, femme...) finissent par être embarrassantes et absurdes. Je suis plus satisfait par le travail de Scott Koblish, qui s'est démené pour rendre l'ensemble vivant et crédible. Tout d'abord il y a les couvertures, qui reprennent sympathiquement les codes propres aux estampes japonaises. ensuite le dessin à l'intérieur a un petit coté désuet, old-school, singeant les techniques d'il y a quelques décennies, ce qui rend l'album un peu particulier au niveau de l'atmosphère, de l'ambiance qui s'en dégage. Il s'agit bien entendu d'un récit qui est en marge de la continuity actuelle, puisque Deadpool vit actuellement bien d'autres rebondissements, beaucoup plus passionnants quand ils sont écrits par le duo Posehn et Duggan. Pour sourire franchement avec Peter David, on préférera lire ses différentes versions de Facteur X (hormis la plus récente, moins inspirée), qui ont toujours conjugué humour à froid et trames fort intelligentes.
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