Le Cahier noir est le premier roman du dramaturgeOlivier Py. Rédigé à tout juste dix-sept ans, le livre est agrémenté des textes manuscrits et croquis de l'auteur. C'est un bel objet-livre, lourd, épais, sublimé par une couverture noir charbon, un délicat marquage à chaud, et semble-t-il, un homme à tête de Diable.
Dans ce carnet, présenté sous forme de journal, l'adolescent y annote ses réflexions, ses pensées, ses états d'âmes. Le jeune Olivier se cherche, tâtonne, s'ennuie dans cette petite ville de province. Il tente de percer les secrets de la littérature, de saisir l'intensité de ses désirs. De vivre pleinement son homosexualité. Un témoignage à l'état brut sans aucune intention de publication malgré une véritable qualité d'expression. Des maux changés en mot, des dessins fous et un trait passionné.
Le ton est cynique, et la plume, parfois narcissique et prétentieuse, mais aussi désespérée, élégante et poétique. Ce cahier, se sont des fragments de vie, des morceaux de souffrance, de solitude. Olivier Py met en relief la rage et les tourments si propres à l'adolescence. La mort est une obsession, la souffrance physique une jouissance. Le sexe est omniprésent. Ce cahier est fait d'ombres et de ténèbres profondes. Son encre évoque Beaudelaire, Poe, Mallarmé. L'écriture d'Olivier Py, fine et singulière, donne des frissons, éveille des souvenirs. Pour moi, Le Cahier noir est un livre-relique, un livre-totem qui me rappelle ô combien l'adolescence, malgré le fardeau qu'elle représente, est une époque riche et pleine de vie. Qu'il faut la prendre à bras le corps. Et ce, dans tous les sens du terme.