Si l'évidence vous a échappé jusque là, laissez-moi vous le répéter : les séries produites par et pour Netflix sont d'une qualité artistique extraordinaire, et associent traitement bluffant de l'image, de l'action, story-telling de haute volée, et crédibilité à l'épreuve des balles. Après Daredevil, c'est au tour de Jessica Jones de casser la baraque, avec treize épisodes qui vous laisseront accrocs à la détective privée de chez Alias Investigations. Pourtant rien ne prédispose l'héroïne chère à Brian Bendis à devenir une star du petit écran. Après avoir eu son heure de gloire relative en tant que personnage principal du titre Alias, on l'a surtout vue par la suite endosser le rôle de la compagne forte (et chiante, souvent) de Luke Cage, devenu entre temps le parfait exemple du black power cool chez les Avengers. La Jessica de Netflix est indéniablement plus attirante et séduisante que celle qui fit ses premiers pas chez Marvel, mais sa vie n'est pas un roman à l'eau de rose pour autant. On comprend vite qu'elle possède des pouvoirs hors du commun (elle arrête une voiture d'une seule main dans le premier épisode...), et que son quotidien est miné par des problèmes existentiels d'importance, qui la poussent à toucher un peu trop de la bouteille, et à se déprécier physiquement. L'héroïne est aussi hantée à l'intérieur que sa silhouette hante les bas-fonds de la ville à la recherche de photos sordides (en général des adultères) pour payer son loyer, ses factures, à la demande de clients qui l'utilisent pour des flagrants délits qu'ils regrettent par la suite. Une ombre plane sur Jessica et se matérialise par l'apparition rapide et angoissante d'un visage, un murmure, un spectre qu'on comprend issu du passé récent, et qui tourmente sa victime, la paralyse, l'entraîne toujours plus bas vers la dépression et la peur. Il s'agit en fait (qui a lu les comics le sait déjà) d'un certain Killgrave, alias l'Homme Pourpre. Lui aussi a un don singulier, celui de pousser les personnes qu'il aborde à lui obéir au doigt et à l'oeil. Il vous approche, et vous devenez son jouet, sa marionnette. Jessica est donc tombée entre les griffes de cette ordure malfaisante, et si elle est parvenue à lui échapper (dans le premier épisode elle le croit mort) il est plus difficile de se défaire de la honte et de l'impuissance qui l'ont presque détruite. D'autant plus que lorsqu'elle accepte un cas au départ presque banal (une jeune fille recherchée par ses parents, un cas de fugue ou d'étudiante amoureuse qui prend la tangente en apparence) elle finit par comprendre lentement que l'horrible réalité l'a finalement rattrapée. Killgrave est toujours de ce monde, et il orchestre pas après pas de nouvelles machinations diaboliques, qui risquent fort de vite concerner notre privé à pouvoirs.
Bien sur, pour mener à bien une telle série, où l'action et les super pouvoirs n'occupent pas la place primordiale qui est la leur au cinéma, il faut s'appuyer sur des acteurs irréprochables et qui incarnent leurs personnages à la perfection. Une fois encore, Netflix rempli sa mission avec aisance. Jessica, pour débuter, est Krysten Ritter. Vous l'avez peut-être déjà aperçue en junkie perdue dans la série Breaking Bad (elle meure sous les yeux de Walter White qui ne bouge pas le petit doigt pour la sauver d'une overdose; elle s'étouffe dans son vomi...) et ici elle crève l'écran, dans un mélange de sensualité et de fragilité. Tour à tour innocemment aguicheuse ou renfrognée dans des attitudes de garçon manqué (sa posture, son langage corporel dans beaucoup de scènes) on devine la carapace nécessaire pour se protéger d'un quotidien qui la mine en profondeur. A coté d'elle, Luke Cage (qui aura droit lui aussi à sa série, mais qui est déjà fort présent dans celle-ci) est Mike Colter. Plus discret et indéchiffrable, ce Cage là n'est pas aussi cool que celui des comics, mais il garde suffisamment de potentiel pour avoir beaucoup à dire quand viendra son tour sur Netflix. Les scènes de sexe avec Jessica sont à la hauteur de la résistance et des pouvoirs des deux amants, le mobilier en garde encore des traces... Et bien sur pour un héros crédible, il faut un ennemi à la hauteur. Charismatique, dangereux, pervers, insaisissable. Après le Wilson Fisk interprété par Vincent D'Onofrio, voici Killgrave campé par David Tennant qui remplit le cahier des charges à vous en donner envie de lui exploser le nez dès son apparition. A noter une certaine évolution de ce vilain, au fil des épisodes, surtout à partir de la fin du premier tiers de la saison. Autour de ces acteurs, le reste du cast de Jessica Jones essaie de vivre avec plus ou moins de bonheur. Certaines trouvailles fonctionnent et sont prometteuses (comme le fait d'avoir inséré Patsy Walker en amie fidèle et animatrice de radio), d'autres sont plus poussives ou chancelantes (le second rôle du policier impliqué dans la traque de Jessica, ou le triangle amoureux lesbien qui a le mérite d'exister contre les standards en vigueur de ce genre de séries, mais qui plafonne rapidement). C'est que le budget est ici plus resserré, et qu'il est plus difficile de développer treize épisodes centrés autour d'une héroïne qui n'a pas le vécu ou la généalogie d'un Matt Murdock, pour qui il serait possible de s'étendre dix saisons durant. Du coup certaines scènes de baston sont bien plus cheap que les éminents ballets concoctés chez le Diable de Hell's Kitchen, et il est clair que les moments de remplissage ne manquent pas, ralentissant l'évolution de la trame principale. Il n'empêche qu'au final nous tenons là encore une série de qualité, ciselée avec amour et compétence, qui nous prouve que ce qui se passe en grand secret, dans la crasse et les ruelles de New-York, est à mon sens plus passionnant que ce qui se déroule en plein jour et dans le ciel, chez les Avengers ou Thor au cinéma, par exemple. Marvel chez Netflix, c'est déjà ce que je préfère, et je ne suis pas le seul!
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Bien sur, pour mener à bien une telle série, où l'action et les super pouvoirs n'occupent pas la place primordiale qui est la leur au cinéma, il faut s'appuyer sur des acteurs irréprochables et qui incarnent leurs personnages à la perfection. Une fois encore, Netflix rempli sa mission avec aisance. Jessica, pour débuter, est Krysten Ritter. Vous l'avez peut-être déjà aperçue en junkie perdue dans la série Breaking Bad (elle meure sous les yeux de Walter White qui ne bouge pas le petit doigt pour la sauver d'une overdose; elle s'étouffe dans son vomi...) et ici elle crève l'écran, dans un mélange de sensualité et de fragilité. Tour à tour innocemment aguicheuse ou renfrognée dans des attitudes de garçon manqué (sa posture, son langage corporel dans beaucoup de scènes) on devine la carapace nécessaire pour se protéger d'un quotidien qui la mine en profondeur. A coté d'elle, Luke Cage (qui aura droit lui aussi à sa série, mais qui est déjà fort présent dans celle-ci) est Mike Colter. Plus discret et indéchiffrable, ce Cage là n'est pas aussi cool que celui des comics, mais il garde suffisamment de potentiel pour avoir beaucoup à dire quand viendra son tour sur Netflix. Les scènes de sexe avec Jessica sont à la hauteur de la résistance et des pouvoirs des deux amants, le mobilier en garde encore des traces... Et bien sur pour un héros crédible, il faut un ennemi à la hauteur. Charismatique, dangereux, pervers, insaisissable. Après le Wilson Fisk interprété par Vincent D'Onofrio, voici Killgrave campé par David Tennant qui remplit le cahier des charges à vous en donner envie de lui exploser le nez dès son apparition. A noter une certaine évolution de ce vilain, au fil des épisodes, surtout à partir de la fin du premier tiers de la saison. Autour de ces acteurs, le reste du cast de Jessica Jones essaie de vivre avec plus ou moins de bonheur. Certaines trouvailles fonctionnent et sont prometteuses (comme le fait d'avoir inséré Patsy Walker en amie fidèle et animatrice de radio), d'autres sont plus poussives ou chancelantes (le second rôle du policier impliqué dans la traque de Jessica, ou le triangle amoureux lesbien qui a le mérite d'exister contre les standards en vigueur de ce genre de séries, mais qui plafonne rapidement). C'est que le budget est ici plus resserré, et qu'il est plus difficile de développer treize épisodes centrés autour d'une héroïne qui n'a pas le vécu ou la généalogie d'un Matt Murdock, pour qui il serait possible de s'étendre dix saisons durant. Du coup certaines scènes de baston sont bien plus cheap que les éminents ballets concoctés chez le Diable de Hell's Kitchen, et il est clair que les moments de remplissage ne manquent pas, ralentissant l'évolution de la trame principale. Il n'empêche qu'au final nous tenons là encore une série de qualité, ciselée avec amour et compétence, qui nous prouve que ce qui se passe en grand secret, dans la crasse et les ruelles de New-York, est à mon sens plus passionnant que ce qui se déroule en plein jour et dans le ciel, chez les Avengers ou Thor au cinéma, par exemple. Marvel chez Netflix, c'est déjà ce que je préfère, et je ne suis pas le seul!
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