Jean Joubert, avant qu'il ne se laisse pousser la barbe.
Le "Midi libre" annonce, ce samedi 28 novembre, le décès de l'écrivain et poète Jean Joubert, né en 1928 à Chalette-sur-Loing (Loiret). S'il avait obtenu le prix Renaudot en 1975 pour son quatrième roman, "L'homme de sable" (Grasset), et le prix de l'Académie Mallarmé en 1978 pour "Les poèmes 1955-1975" (Grasset), Jean Joubert est pour moi une grande figure du roman jeunesse, surtout parce qu'il est l'auteur de ce magnifique roman d'anticipation qu'est "Les enfants de Noé" (l'école des loisirs, Médium, 1987). Après avoir longtemps enseigné la littérature anglo-méricaine à Montpellier, lui qui disait "Je n'ai rien tant aimé que l'odeur d'un arbre" habitait un petit village de la garrigue languedocienne, près de la nature, et confiait: "Que j'écrive des poèmes, des romans ou des contes, c'est toujours en poète que je m'exprime." En mars de cette année, il avait reçu à Lyon le prix Kowalski, distinction éminente dans le milieu de la poésie, pour "Alphabet des ombres" (Editions Bruno Doucey, 2014). Il était également président de la Maison de la poésie du Languedoc-Roussillon.
François Ruy-Vidal avait réédité en 2003 le conte-poème de Jean Joubert sur Pivoine et ses achats farfelus, mis en images par Danièle Bour, "Voyage à Poudrenville" (Delarge, 24 pages, 1977), son premier livre, au côté désuet mais surtout à l'infinie liberté surréaliste.
Je vais donc pour une fois reprendre le résumé de l'éditeur qui éveille en moi plein de beaux souvenirs de lecture: "En février 2006, des expériences dans la zone polaire provoquent une gigantesque tempête qui ensevelit l'hémisphère nord sous plusieurs mètres de neige, paralysant toute activité. Quelques années plus tard, un jeune homme, Simon, raconte la longue lutte pour la survie matérielle et spirituelle qu'il a menée avec sa famille, dans leur chalet des Alpes, au cœur de ce déluge blanc. Dans leur arche perdue, le père, la mère et les deux enfants affrontent de multiples périls, la solitude, la peur, parfois l'angoisse, mais finalement c'est l'ingéniosité et l'espoir qui l'emportent. Ils réinventent des gestes ancestraux qu'ils croyaient oubliés. Auprès d'eux, leurs animaux familiers les aident, de diverses manières, à surmonter l'épreuve. Dans les livres qui les entourent, et dont le père lit chaque soir quelques pages au coin du feu, ils puisent aussi des leçons d'amour et de courage. Roman d'anticipation, récit d'aventures, fable écologique, ce livre est aussi une méditation sur la fragilité du monde où nous vivons, et comme un manuel de survie pour les futurs naufragés de la société industrielle."
Oui, c'est ça, cette impression d'enfermement à l'intérieur du chalet, et à l'extérieur ce blanc immense et sans fin, ainsi que la volonté peu commune de s'en sortir.