Vernon Subutex, tome 2 de Virginie Despentes

Par Krolfranca

Titre : Vernon Subutex

Auteur : Virginie Despentes

Éditeur: Grasset

Date de parution : 10 juin 2015

383 pages

Alors, ce tome 2 ?

Virginie Despentes a toujours l'art de la formule, elle prête à ses personnages des répliques succulentes, on se sent bien dans ce tome-là comme dans l'autre. On sourit, on acquiesce et on relit une phrase particulièrement bien tournée.

Un petit bémol ?

Oui, j'ai eu un petit coup de mou au milieu, avec une impression de déjà-vu, déjà-lu. Une petite lassitude donc, due à la construction des chapitres toujours centrés sur un personnage, mais rien de grave, j'ai de nouveau tourné les pages avec délectation.

Des extraits pour me souvenir, pour vous souvenir, pour découvrir :

" Cette brute épaisse devenait tendre dès qu'elle se lovait contre lui. Ils se réussissaient. "

" Beaucoup de gens disent qu'ils s'assagissent avec l'âge. En vérité, ils se tassent, ils ralentissent. Ils perdent leurs saillances. Ils s'enlisent dans un sable mou et s'enfoncent en toute confiance. C'est ce qu'on appelle mûrir. "

" Elle n'a jamais été monogame. C'est bon pour les moches, ça. "

" Loïc souriait - il disait tu m'apprends rien, gars, dès qu'il y a une Renault dans un film, on sait déjà qu'on va se faire chier. "

" L'islam ne lui paraissait pas une religion plus conne qu'une autre. Mais pour la connaître mieux qu'une autre, Sélim savait à quel point elle réclamait le renoncement à tout sens critique. Que sa fille embrasse n'importe quelle religion l'aurait mis hors de lui. On ne restreint pas une intelligence comme la sienne. Cette mémoire, cette faculté de recouper, cette curiosité, que sa petite fille soumette sa pensée à n'importe quel système théologique le révulsait. On ne prive pas un esprit comme le sien de lecture, on ne peut vouloir l'empêcher d'embrasser la complexité au motif qu'il faut suivre des élucubrations obscurantistes... mais ça lui avait, tout de même, particulièrement déchiré le cœur de la voir se tourner vers une religion qu'il connaissait, et dont il avait passé une vie à s'affranchir. Il la voyait prendre conseil auprès d'ignares. Il l'entendait parler des scientifiques de l'islam, des demeurés capables de répéter que la Terre est plate. "

" Je ne peux pas passer l'aspirateur, ça fait pousser les seins. "