La revue Saint Ambroise est consacrée à mettre en valeur des nouvelles depuis 1999. Le numéro 36 de la revue a comme thème L’Amérique et les nouvelles présentées viennent tous du continent américain en général (allant du Canada au Chili en passant par le Mexique).
Concernant les nouvelles présentées, il y en a pour tous les goûts avec une préférence pour le genre réaliste mais des passages vers le fantastique très réussie. Je vais présenter tout d’abord mes trois nouvelles préférées dans cette revue :
Les dimensions d’une ombre de Alice Munro (Canada)
Cette nouvelle traite l’histoire d’une romance entre une femme âgée et un jeune étudiant. Elle est douce, mélancolique et la fin rend l’histoire encore plus poignante. Il s’agit de mon coup de cœur dans la revue en même temps que la première nouvelle. C’est une nouvelle fantastique qui captive par un style élégant.
Sensini de Roberto Bolano (Chili)
Il n’est pas très courant de lire des auteurs d’Amérique latine, peu traduits pour la plupart à part les plus connus comme Isabel Allende. Cette nouvelle m’a touchée car me décrivant moi-même comme écrivain, je me suis identifiée au personnage principal qui participe à des concours de nouvelles. Il s’agit d’une amitié entre deux romanciers, d’une critique des concours de nouvelles (ironique quand on sait que cela paraît dans une revue) et d’une romance inavouée. Le narrateur est particulièrement émouvant avec sa fixation amoureuse.
L’amant de ma mère de Rafael Gumucio (Chili)
Voilà une nouvelle où j’ai adoré l’enfant, adoré l’intrigue et adoré la manière dont elle était tournée. Il s’agit au début d’une histoire banale d’une mère abandonnée par un homme et de son fils qui va chercher le coupable pour le ramener à sa mère. Et au lieu d’aller dans les clichés après un début aussi conventionnel, l’auteur a le courage de développer ses personnages et de rendre l’homme presque sympathique. La fin est parfaite et laisse une impression d’interrogation pour le lecteur qui doit réfléchir à une situation qui paraissait évidente au début.
En ce qui concerne les autres nouvelles, je voudrais saluer L’œil de la nuit de Karla Suarez (Cuba), une nouvelle à l’allure de Hitchcock avec une femme qui espionne à travers la fenêtre et par ce simple regard sur la vie d’un autre, arrive à remettre en question sa propre vie, une nouvelle à la fois simple et prenante puisqu’elle n’amène pas là où le lecteur voulait. Quant à Quelques jours à la plage de Ana Maria Shua (Argentine), cette nouvelle agréable sur des vieilles dames redonne le sourire.
J’ai trouvé quelques nouvelles un peu confuses (Dans le cimetière où Al Jolson était enterré, L’enfant), d’autres trop vulgaires à mon goût (Une espagnole quand ça embrasse, La dernière lettre d’Artaud).
Pour le reste, j’ai adoré découvrir des nouvelles d’une culture américaine trop souvent méconnue et trop souvent assimilée à la culture venant exclusivement des Etats Unis et je voudrais remercier la Revue Saint Ambroise pour m’avoir donné la chance de lire ce numéro.