« Il faut croire que, tant qu'on n'a pas gouté à mieux que ce qu'on a sous la main, on se trouve des raisons d'apprécier sa pitance, peut-être même de ne pas du tout en chercher d'autre. Sûrement un des secrets du contentement, sans pour autant envisager le bonheur, car ce genre de sentiment n'avait manifestement jamais mis les pieds aux Doges. »
Je suis encore sonné par ma lecture, après avoir tourné les dernières pages. Grossir le ciel est un roman qui laisse derrière lui les mêmes traces que celles déposées par Gerard Donovan, Craig Johnson, David Morrell, Ron Carlson et Donald Ray Pollock.
Une histoire à la beauté cruelle qui place en son cœur un ermite et son meilleur ami, l'hiver.
Grossir le ciel est une ode à la misanthropie écrite par son parfait antagoniste. L’empathie de Franck Bouysse fige dans les pages de Grossir le ciel des instants de poésie pure. Des moments où la philosophie d'un quotidien spartiate jalonne les derniers pas d'un homme qui a passé toute sa vie en sursis.
Je vais me ruer sur les autres romans de l'auteur, histoire de poursuivre l'exploration de son univers littéraire.
« Ici, les lignées, elles s'éteignent toutes les unes après les autres, comme des bougies qui n'ont plus de cire à brûler. C'est ça le truc, la mèche, c'est rien du tout s'il n'y a plus de cire autour, une sorte de pâte humaine, si bien que l'obscurité gagne un peu plus de terrain chaque jour ; et personne n'est assez puissant pour contrecarrer le projet de la nuit. »
Présentation du livre :
L’abbé Pierre vient de mourir. Gus ne saurait dire pourquoi la nouvelle le remue de la sorte.
Il ne l’avait pourtant jamais connu, cet homme-là, catholique de surcroît, alors que Gus est protestant.
Mais sans savoir pourquoi, c’était un peu comme si l’abbé faisait partie de sa famille, et elle n’est pas bien grande, la famille de Gus. En fait, il n’en a plus vraiment, à part Abel et Mars.
Mais qui aurait pu raisonnablement affirmer qu’un voisin et un chien représentaient une vraie famille ? Juste mieux que rien.
C’est justement près de la ferme de son voisin Abel que Gus se poste en ce froid matin de janvier avec son calibre seize à canons superposés. Il a repéré du gibier. Mais au moment de tirer, un coup de feu. Abel sans doute a eu la même idée ? Non.
Longtemps après, Gus se dira qu’il n’aurait jamais dû baisser les yeux.
Il y avait cette grosse tache dans la neige.
Gus va rester immobile, incapable de comprendre.
La neige se colore en rouge, au fur et à mesure de sa chute.
Que s’est-il passé chez Abel ?
Frédéric Fontès, www.4decouv.com