Mini Chronique #1 : Naufrages - Akira Yoshimura

Par Gaëlle


Isaku n'a que neuf ans lorsque son père part se louer dans un bourg lointain. Devenu chef de famille, le jeune garçon participe alors à l'étrange coutume qui permet à ce petit village isolé entre mer et montagne de survivre à la famine : les nuits de tempête, les habitants allument de grands feux sur la plage, attendant que des navires en difficulté, trompés par la lumière fallacieuse, viennent s'éventrer sur les récifs, offrant à la communauté leurs précieuses cargaisons. Sombre et cruel, ce conte philosophique épouse avec mélancolie le rythme, les odeurs et les couleurs des saisons au fil desquelles Isaku découvre le destin violent échu à ses semblables dans cette contrée reculée d'un Japon primitif.
Titre :NaufragesAuteur : Akira Yoshimura
Editions Babel
Pages : 192Sortie : 2004Mon avisPoésie, lenteur, tristesse, pauvreté... Voici quelques mots qui peuvent résumer ce livre. Nous sommes au Japon, dans un petit village de pécheurs très démunis. Nous suivons le personnage d'Isaku,un jeune garçon qui a dix ans au début du roman, à travers le rythme répétitif des saisons qui passent. Il vit avec sa mère, ses deux sœurs et son frère. Le père s'est "vendu" afin de subvenir aux besoins de la famille. Cette pratique est courante dans cette communauté : les gens se louent et travaillent dans les villes plus aisées. Enfin, une pratique étrange a lieu dans ce village : tous les hivers, des feux sont entretenus sur la plage pour attirer les bateaux perdus en mer. Le but ? Récupérer la cargaison de riz, saké, tabac, coton, huile et autres produits qui mettraient les villageois à l'abri du besoin pendant quelques temps.J'ai aimé l'atmosphère générale du roman. Les références aux prières, la manière d'enterrer les morts, le deuil, la nourriture, les mariages et les naissances : tout cela m'a beaucoup intéressée, car j'ai découvert une culture que je connais peu. Et j'aime découvrir et apprendre !
Le personnage principal est touchant. Il doit apprendre très jeune à pêcher, subvenir aux besoins de sa famille. On suit son apprentissage de la vie, de l'amour, de la mort et du travail pas à pas. Il s'acharne sans relâche pour aider sa mère, qui n'est pas tendre avec lui, sauf à de rares occasions. On comprend que cette rudesse est nécessaire pour la survie de la famille et de la communauté.
Et quelle fin... J'ai éprouvé de la pitié, du dégoût et de la tristesse pendant la lecture des dernières pages. Sinon, l'écriture de l'auteur, détaillée et poétique, m'a beaucoup plu.En bref, une très bonne lecture, courte, intense et intéressante. 
Note : 17/20Ce livre compte pour le challenge : La PAL, la PAL, la PAL