La nuit de feu d’Eric-Emmanuel Schmitt

Par Krolfranca

Titre : La nuit de feu

Auteur : Eric-Emmanuel Schmitt

Éditeur : Albin Michel

Date de parution : 2 septembre 2015

183 pages

Eric-Emmanuel Schmitt a connu une expérience mystique à l’âge de 28 ans dans le massif du Hoggar. Il nous la raconte dans ce livre.

Cela m’intéresse toujours de savoir de quelle manière certaines personnes ont « rencontré Dieu », et ce que cela a modifié dans leur vie quotidienne.

Eric-Emmanuel Schmitt avait fait des études de philosophie et était plutôt un rationaliste. Rien ne le prédisposait à une telle rencontre.

Si je n’ai pas été convaincue par sa transformation spirituelle (la façon dont il raconte sa fameuse nuit dans le désert m’a semblé manquer de profondeur ou de vraisemblance), j’ai été séduite par certains passages et notamment celui où il remet en question les théories scientifiques (pages 65 à 73). J’exagère : il ne les remet pas en question, il les pose comme des hypothèses et non comme des certitudes. Le dialogue entre le scientifique et lui-même, jeune homme fougueux et quelque peu hautain, est tout à fait succulent.

J’ai plutôt lu ce récit comme le témoignage d’une belle rencontre entre l’auteur et Abayghur, le guide touareg. Les gestes, les mots, les signes de compréhension, les non-dits, cette façon de s’apprivoiser, tout est très bien raconté. Beaucoup plus que la révélation d’une existence divine, me semble-t-il. Une relation humaine plus qu’une relation spirituelle. Oui, c’est un récit emprunt d’humanité et de générosité qui nous ouvre les yeux sur l’autre, plus que sur Dieu.

Alors, oui, comme d’habitude, l’écriture de Schmitt est agréable à lire, mais sur ce sujet je préfère de beaucoup lire  Emmanuel Carrère qui a une réflexion plus poussée, plus développée, plus profonde et dont l’écriture me comble encore plus.

Quelques extraits qui me plaisent pourtant bien :

En tout cas, j’avais souvent vécu sans m’en apercevoir, confondant la suractivité et le bonheur d’être. Oui, je m’étais davantage agité que réjoui.

Face au questionnement sur l’existence de Dieu, se présentent trois types d’individus honnêtes, le croyant qui dit : « Je ne sais pas mais je crois que oui », l’athée qui dit : « Je ne sais pas mais je crois que non », l’indifférent qui dit : « Je ne sais pas et je m’en moque. »

L’escroquerie commence chez celui qui clame : « Je sais ! » Qu’il affirme : « Je sais que Dieu existe » ou « Je sais que Dieu n’existe pas », il outrepasse les pouvoirs de la raison, il vire à l’intégrisme, intégrisme religieux ou intégrisme athée, prenant le chemin funeste du fanatisme et de ses horizons de mort. Les certitudes ne créent que des cadavres.