Esprit d’hiver

Par Eléonore

Auteur : Laura Kasischke

Editeur : Le livre de poche

Genre : drame

Parution : 2013

Pages : 302

Lorsqu’elle se réveille ce matin-là, Holly, angoissée, se précipite dans la chambre de sa fille. Tatiana dort encore, paisible. Pourtant rien n’est plus comme avant en ce jour de Noël. Dehors, le blizzard s’est levé ; les invités ne viendront pas. Au fil des heures, ponctuées par des appels téléphoniques anonymes, Tatiana devient irascible, étrange, inquiétante. Holly se souvient : l’adoption de la fillette si jolie, treize ans auparavant, en Sibérie… Holly s’interroge : « Quelque chose les aurait suivis depuis la Russie jusque chez eux ? »

C’est la deuxième fois que je lis du Kasischke. J’avais déjà lu de l’auteur « Rêve de garçons » et je savais à peu près à quoi m’attendre avec cette auteure qui aime jouer avec nos nerfs et nous faire douter sur les personnages souvent instables.

Dans Esprit d’hiver, avec cette jolie couverture aux tons de Noël bien trompeuse, on se retrouve dans une histoire tout sauf féerique et magique. Nous avons affaire à un huit clos effrayant, malsain et angoissant. Le jour de Noël, un blizzard s’est levé étonnamment rapidement. Les invités ne peuvent pas venir, et le mari de Holly partit chercher ses parents à l’aéroport  est donc coincé là bas. Holly va se retrouver seule avec sa fille adolescente, Tatiana, adoptée treize ans plus tôt en Sibérie. Mais le comportement de « Tatty » ne correspond pas à son tempérament doux et affectueux tel que nous le dépeint Holly dans ses souvenirs. Tatty est odieuse, froide, distante et bizarre. Est-ce à cause de l’adolescence, ou alors, comme Holly le pressent, quelque chose les aurait suivit de la Russie jusque chez eux?

On va suivre les pensées de Holly, qui voudrait redevenir complice avec sa fille dont le comportement est imprévisible. On assiste donc à Holly, mère poule beaucoup trop étouffante, qui va tenter tant de bien que de mal de rendre Tatty de bonne humeur. Mais pourtant, au fur et à mesure de la journée la situation empire. Cela pousse Holly à se remémorer l’épisode de l’adoption de Tatty et à remettre en doute toute l’éducation qu’elle a donné à sa fille.

On se rend vite compte que l’esprit d’Holly est torturée. Tantôt hystérique et tantôt calme, Holly est un personnage qui a vécu beaucoup de malheurs dans sa vie et qui a du mal à être naturelle et totalement stable. Je me suis néanmoins attachée à ce personnage même si par moment je la trouvais insupportable. Elle est beaucoup trop collante avec sa fille et je pouvais comprendre que celle-ci puisse être agacée elle même par sa mère.

L’ambiance du roman est vraiment très bien transmise. On sent qu’une menace plane, que toute l’histoire autours de cette adoption n’est pas claire… Il manque quelque chose, un détail qu’Holly ne nous avoue pas et ce  jusqu’à la révélation finale je n’avais pas du tout deviné. On se demande vraiment jusqu’où tout cela va nous mener. Et la fin appelle à une relecture pour prendre en compte tous les éléments qui nous ont été donnés. Là dessus, Laura Kasischke a vraiment bien ficelé son roman.

Alors, qu’est ce qui ne m’a pas vraiment plût dans tout ça? Je dirais le rythme. Ce roman est lent, on revient beaucoup sur l’épisode de l’adoption, et il y a énormément de répétition. On nous rabâche sans arrêt le moment où Holly a vu « bébé Tatty » pour la première fois avec ses beaux grands yeux et ses beaux cheveux noirs…Cet épisode reviendra tout au long du roman et narré exactement de la même façon… Cela m’a beaucoup lassé et ralenti dans ma lecture.

Ce roman n’est donc pas un coup de cœur. Je ne l’ai pas détesté, mais je ne l’ai pas beaucoup aimé non plus. Enfaite j’ai adoré la fin, mais tout le reste du roman est vraiment trop mou et lent à démarrer. Alors oui l’ambiance huit-clos est très bien retranscrite, mais pendant ma lecture j’avais l’impression de faire du sur place dans le déroulement de l’histoire. L’intrigue est longue à avancer et le résumé est beaucoup trop aguicheur par rapport au suspens que l’on trouve dans ce roman.

Après ce roman reste très angoissant voir même glauque, je l’avoue. Et c’est pour cette raison que je ne le classerais pas dans les romans que je n’ai pas aimé. Il est très efficace et même terrifiant dans le fond. Le final glace le sang et fait qu’on ne l’oublie pas de sitôt.

6/10