OH QUE NON.
(Enfin, un peu.) Les zombies, dans un premier temps, et les dystopies, dans un second, les ont supplantés sur le podium des univers à la mode, mais les histoires de vampires étaient populaires longtemps avant, le seront longtemps après, et aujourd'hui encore, de nombreux lecteurs sont mordus de vampires, et toujours à fureter dans les rayons à la recherche de sang neuf.
(Cette phrase était sponsorisée par la ligue des mauvais jeux de mots #1)
Seulement, ils doivent souvent se contenter de vampires édulcorés, passés à la javel, lobotomisés, inscrits au lycée (voire, à une Vampire Académie, horreur), plongés dans un broc de fond de teint et dans un sachet de paillettes. Les lecteurs voraces font avec, car ils aiment les vampires. Mais bon, les vampires tout doux tout beaux tout lisses, à la longue, c'est fadasse, et ça laisse un goût amer (comme les endives).
Si vous aimez les vampires et que vous en avez marre des endives, cette liste est faite pour vous.Voici une liste de vraies histoires de vampires. Des histoires fidèles à ce que cette créature imaginaire a de fascinant, effrayant, cruel, sensuel ou torturé. Le vampire peut avoir de multiples facettes, mais ce n'est pas une excuse pour en faire une...
(Sponsorisé par la ligue des mauvais jeux de mots #2)
Nous verrons d'abord les romans de VAMPIRES CLASSIQUES (Dracula & Cie), puis nous attaquerons aux VAMPIRES MODERNES (dans un second billet). Il s'agit de vous faire d'intéressantes suggestions...
Remarque générale : tous les textes de cette section sont tombés dans le domaine public, et existent sous multiples éditions. Le visuel que je vous propose correspond à l'édition qui :
- me plaît le plus (goûts perso)
- est disponible à l'achat (neuf).
Loin d'être la première histoire de vampire, cette nouvelle (ou plutôt, ce roman court), d'abord parue sous le nom de Lord Byron (un mec qui pète la classe*) a contribué à populariser la figure du vampire.
C'est l'histoire d'Aubrey, un jeune et riche orphelin qui fait la rencontre de l'étonnant et mystérieux Lord Ruthven. Les descriptions de ce personnages sont celles dans lesquelles s'enracine l'image du vampire : grand et pâle comme la mort, il ne rougit jamais et reste glacial en toute circonstance. À la fois élégant et subtilement dépravé, Lord Ruthven est dangereux, séducteur, et a " le vice contagieux ". Toute l'histoire est celle de la fascination mêlée de crainte du jeune Aubrey pour le vampire, de sa découverte de sa nature, et de sa lutte pour se défaire de son influence néfaste et en protéger ses proches.
Échelle de lisibilité : 4/5. Ça va, vous ne devriez pas avoir trop mal, ça a plutôt bien vieilli, et ce n'est pas long.
Ma note personnelle : 3,5/5
Remarque inutile : la graphie originale du titre est The vampyre. Variante classique mais infiniment cool qui, lorsqu'elle est utilisée dans les romans contemporains, me semble toujours superficielle. Mais ça, ça doit être parce que je suis rien qu'une sale snob.
*Lord Byron pète la classe. Un exemple totalement au hasard : c'est à lui qu'Alexandre Dumas emprunte, en le piquant dans Dom Juan, le sublime prénom d'Haïdée, qui réapparaît sous la graphie Haydée, porté par une princesse turque exilée dans Le Comte de Monte-Cristo, l'un de mes romans préférés (totalement au hasard, on a dit).
Carmilla est une jeune fille égarée suite à un accident, recueillie chez elle par Laura, fille unique d'un gentleman vivant en Autriche (quand ils ne sont pas transylvaniens, les vampires classiques sont le plus souvent autrichiens). Une relation de plus en plus intime se noue entre les deux jeunes filles et, tandis qu'alentour apparaissent les signes d'une présence vampirique, Laura se laisse, elle dévorée d'amour jusqu'à en devenir étrangement malade...
Un roman infiniment original à sa sortie. Carmilla est bien moins ouvertement violente et cruelle que le vampire habituel (et notamment celui du dessous, Dracula), plus délicate et sentimentale... sans parler de cette relation pas du tout ambiguë avec Laura, qui a dû défriser quelques perruques.
Échelle de lisibilité : 4/5. C'est fluide et très joliment écrit, mais la gentille Laura risque de vous taper sur le système.
Ma note personnelle : 3,5/5
MENTIONS BD :- Carmilla, par Mazzanti (2014, Éditions Soleil)
- Carmilla, par Pascal Croci (à paître en janvier 2016, Emmanuel Proust)
Autres suggestions de vampires au féminin :
- La morte amoureuse, de Théophile Gauthier (1839)
-
La vampire, de Paul Féval (1856)
Passons maintenant à...
LE roman de la naissance du vampire moderne. Ce que Dracula a apporté à la littérature vampirique, c'est la dimension humaine du vampire. Là où, auparavant, on a surtout des personnages terriblement fascinants et dangereux, sensuels séducteurs sans scrupules, le Comte Dracula est avant tout un être maudit. Il n'est plus seulement à craindre, mais aussi à plaindre. C'est la naissance du vampire torturé.
L'histoire suit Jonathan Harker, envoyé en Transylvanie au château du Comte Dracula pour une affaire notariale. Très vite, l'ambiance fantastique et angoissante l'emprisonne au château, et des événements lugubres se succèdent. Un cocktail à base de crucifix, de loups, de brume, d'enfants mordus, de jeunes femmes qui se transforment, d'influences malsaines, de Dr Van Helsing qui se méfie, etc. C'est un roman épistolaire composé d'extraits de journaux intimes, médicaux, de télégrammes et de coupures de presse, qui tendent à créer un air de mystère autour du Comte Dracula. Tout repose sur la découverte du vampire, ce qui rend la lecture fondamentalement ennuyeuse pour qui connaît le thème et toutes ses resucées, d'autant que Dracula est la figure la plus jouée et rejouée des Carpates. Malgré de spectaculaires moments de suspense et de beaux passages horrifiants, le rythme est assez empâté. Intéressant (et essentiel ?) pour qui s'intéresse aux vampires, mais assez maniéré.
Échelle de lisibilité : 3,5/5. Plutôt facile d'accès, mais difficile à investir. Il a beaucoup vieilli, et il est long.
Ma note personnelle : 2,5/5
Mentions FILMS : Dracula a donné lieu à moult adaptations, plus ou moins fidèles. Celles à voir :
- Nosferatu, de Friedrich Wilhelm Murnau (1922) (moyennement fidèle) (Avertissement : j'en gardais un bon souvenir, mais j'en ai revu des bouts il y a peu et j'ai failli me décrocher la mâchoire à force de bâillements.)
- Dracula, de Tod Browning (1931), à voir pour le mythique Bela Lugosi (qui joue Dracula)
- Dracula, de Francis Ford Coppola (1992) (très fidèle au livre)
Autres suggestions de vampires classiques : Je pourrais vous en citer beaucoup mais dans l'ensemble, ça a franchement mal vieilli. Si vous avez vraiment faim, vous avez :
- Histoires de vampires, de Charles Nodier
- Le château des Carpathes, de Jules Verne
En revanche, si c'est l'ambiance délicieusement gothique de cette époque qui vous séduit, Bloup vous recommande avec amour :
- Les mystères d'Udolphe, d'Ann Radcliffe, une merveille classique que les lecteurs français connaissent peu.
Voici donc la première partie de cette liste thématique. La deuxième, LES VAMPIRES MODERNES, sera un peu plus longue, avec pas moins de 9 titres recommandés, et oui mesdames et messieurs.
Je vous dis à demain pour la suite et fin, en espérant que ce terrible suspense ne vous fera pas vous ronger les sangs.