Les particules élémentaires, Michel Houellebecq

Par Sara
Ces derniers temps, entre mes déclarations d'amour à Philippe Jaenada, ma déférence envers Pascal Manoukian et mon affectueuse disposition pour le premier roman de Delphine Roux, il m'est apparu que mes posts prenaient une tournure mièvre.Pour rétablir l'équilibre, j'ai donc entrepris la lecture d'un des chefs d'oeuvre de Michel, j'ai nommé : Les particules élémentaires!Je vous vois d'ici vous réjouir et vous tortiller d'aise sur votre siège.Vous avez bien raison.

Le synopsis
Les particules élémentaires relate le parcours de Michel Djerzinski et son demi-frère Bruno.
Mon avis
Comme cela me semble de plus en plus être une constante chez Michel, il y a du bon, et du moins bon.
Commençons par les compliments : d'abord, le roman a une certaine ambition, il faut le lui reconnaître. La chute est soignée, et donne une certaine portée, absente de nombreux romans contemporains. Pour cela, bien ouéj Michel.
Egalement, la construction est rigoureuse, la progression intéressante.
En revanche : deuxième roman, et Michel avait déjà tous les problèmes qu'on lui connaît avec les femmes.
Pour une fois, on avait des personnages un tant soit peu dignes d'intérêt, Annabelle et Christiane, et le sort qui leur est réservé laisse songeur.
En lisant Houellebecq, on a toujours un peu le sentiment que l'aspiration profonde de tout homme est d'atteindre 40/50 ans et de trouver à baiser des midinettes de 15 ans qui seront bien dociles ET entreprenantes et ne se moqueront pas de lui, même s'il est aussi insignifiant en apparence qu'abject quand on creuse un peu.
Alors, forcément, c'est affligeant.
Je discerne donc la vision que l'auteur souhaite présenter, mais n'y adhère aucunement, et en fin de compte, cela joue tout de même dans mon appréciation de l'oeuvre.
Pour vous si...
  • Michel ne vous déçoit jamais.
  • Vous êtes un misérable bonhomme pathétique répugnant de surcroît, et votre seule ambition est de vous envoyer des gamines de quinze ans. Vous vous sentirez comme à la maison en lisant Les particules élémentaires.
  • Vous êtes un adepte des théories vaseuses sur la fin de l'humanité.
Morceaux choisis
"Une après-midi d'automne, l'institutrice avait expliqué aux garçons comment confectionner des colliers de feuilles. Les petites filles attendaient, assises à mi-pente, avec déjà les signes d'une stupide résignation femelle."
"La plupart des garçons, surtout lorsqu'ils sont réunis en bandes, aspirent à infliger aux êtres les plus faibles des humiliations et des tortures. Au début de l'adolescence, en particulier, leur sauvagerie atteint des proportions inouïes." (Première nouvelle pour toi Michel : c'est pareil du côté des filles).
"Sans beauté la jeune fille est malheureuse, car elle perd toute chance d'être aimée. Personne à vrai dire ne s'en moque, ni ne la traite avec cruauté; elle est comme transparente, aucun regard n'accompagne ses pas. Chacun se sent gêné en sa présence, et préfère l'ignorer."
"Dès sa première année à l'école primaire de Charny, Michel avait été frappé par la cruauté des garçons. Il est vrai qu'il s'agissait de fils de paysans, donc de petits animaux, encore proches de la nature." (les fils de médecins sont donc infiniment plus civilisés et sophistiqués dans les sévices qu'ils font subir aux autres enfants, c'est bien ça?)
"Décidément, les femmes étaient meilleures que les hommes. Elles étaient plus caressantes, plus aimantes, plus compatissantes et plus douces ; moins portées à la violence, à l'égoïsme, à l'affirmation de soi, à la cruauté." (Ah, Michel... Même quand tu veux faire un compliment, tu verses dans le cliché et tu tombes à côté...)
Note finale2/5(pas mal)