Le Labyrinthe d'Osiris - Paul Sussman

Par Alex Davies @Xenaddict

Quatrième de couverture :
Un homme disparaît en Egypte sans laisser de traces.
Une femme se fait étrangler à Jérusalem.
Deux événements que quatre-vingts ans séparent, mais liés par une même énigme.
Ancré dans le Moyen-Orient d'aujourd'hui, ce thriller archéologique haletant mêle avec talent histoire, suspense et aventures.

Mon avis :
Pour commencer, il faut savoir que Le Labyrinthe d'Osiris va paraître passablement indigeste pour les néophytes. Si vous n'aimez pas les thrillers, ou si vous n'avez qu'un très vague amour pour ce genre littéraire : passez votre chemin. Le Labyrinthe d'Osiris est une aventure à la fois pour son contenu mais surtout pour sa lecture.
Il faut dire que Paul Sussman ne fait pas les choses à moitié. Ce bouquin est un petit bijou d'archéologie, d'histoire et de réflexions géopolitiques. L'enquête criminelle y est omniprésente mais toujours mise en parallèle avec le conflit Israélo-palestinien, les différences entre les religions juive et musulmane, les différences culturelles entre Israël et Egypte et les problèmes politiques liés au capitalisme.
Il est rare de voir un thriller aussi approfondi dans sa trame de fond. Les personnages secondaires tiennent une place très importante puisqu'ils servent de catalyseur aux personnages principaux. Et quels personnages principaux.Entre Ben-Roï qui est flic à Jérusalem et Khalifa qui, lui, fait partie de la police du Caire, le lecteur est constamment mis face à un antagonisme constant entre ces deux villes chargées d'histoire. Deux villes qui paraissent alors si peu représentatives du reste de leur pays propre que le lecteur est obligé de s'immiscer dans l'enquête avec les personnages et, surtout, dans leurs ressentis et émotions face aux événements de l'histoire.
L'enquête en elle-même n'a rien d'extraordinaire. Le Labyrinthe d'Osiris reste un thriller donc qui dit thriller dit victime, qui dit victime dit tueur...etc. Ce qui change dans ce livre, c'est la complexité de l'enquête criminelle en question. Les ramifications s'étendent jusqu'au début du siècle dernier, passent par une grande partie de l'Europe et concernent des événements qui, à première vue, n'ont rien à voir mais qui bout à bout donnent tout son sens à l'histoire. En fait, la complexité de l'intrigue semble être à l'image du titre du livre : un labyrinthe où enquêteurs et lecteurs se perdent plusieurs fois jusqu'au dénouement. Impossible de prévoir la fin dans sa totalité. Si vous parvenez, ne serait-ce qu'à résoudre un quart de l'intrigue principale, je vous tire mon chapeau (et vous déteste profondément aussi). En soi, ce livre porte bien le nom de thriller archéologique. La lecture se passe comme une fouille : lentement, minutieusement, et avec ce frisson propre à la découverte. On décortique les faits couche après couche, en commençant, tout d'abord par le haut de l'iceberg, pour finir par mettre à jour ce qu'il y a réellement en dessous. Le Labyrinthe d'Osiris n'est pas une lecture sans prises de tête qui passe le temps pendant un week-end pluvieux. C'est un livre qui nécessite une réflexion constante et une attention sans failles. Parce que le gros soucis de ce genre d'intrigue c'est que, pendant un vague moment d'inattention, le lecteur à vite fait de paumer complètement le fil de l'histoire et de ramer jusqu'à la fin du bouquin.
L'avantage de ce bouquin c'est qu'entre Ben-Roï et Khalifa, le lecteur s'immisce dans Jérusalem et le Caire non pas en tant que touriste, mais en tant que local. L'Occidentale que je suis, a donc pu "visiter" ces deux villes avec une objectivité que le tourisme ne permet pas. C'est pas forcément joli-joli mais ça a au moins le mérite d'être réel.
Bref, ce livre est un petit bijou qui n'est pourtant pas un coup de coeur. Pourquoi ? Parce qu'un coup de coeur présuppose (à mon sens) qu'on veuille le partager avec la Terre entière, qu'on ne cesse d'en parler et de vouloir le vendre à tous ceux qui veulent bien nous écouter.
Là est le problème majeur du Labyrinthe d'Osiris. On ne peut pas en parler sans risquer de spoiler la moitié de l'intrigue, on ne peut pas tenter de le vendre à qui que ce soit en étant certain qu'il l'appréciera comme nous.
En fait, ce livre c'est comme parler de politique en société. Il y a de grandes chances pour que la majorité des personnes ne soient pas d'accord avec vous. Ma note : 18/20