A ce stade de mon billet, je me demande pourquoi je vous parle de ce livre. J’ai voulu redonner une chance à Maylis de Kerangal, dont le fameux « Réparer les vivants » ne m’avait pas convaincu, c’est rien de le dire. Je l’avais par la suite découverte dans un registre différent avec l’album « Hors Piste » (sympa sans plus). Jamais deux sans trois…
Ce petit recueil tient pour moi du journal intime qui, par définition, ne regarde que soi. Forcément, du coup, ce partage m’interpelle. Quel est l’intérêt de cet exercice très autocentré ? Je n’arrive pas à répondre à cette question, ce qui est quand même particulièrement embêtant. A part ça l’écriture est belle, le lexique d’une grande richesse, le rythme des phrases parfaitement tenu. Sans compter que l’avant dernier chapitre est splendide, enfin au cœur du sujet si je puis dire. Mais c’est bien le seul dont la divagation m’a touché au cœur et aux tripes. Trop peu trop tard.
A la base, ce texte est le fruit d’une commande passée à l’occasion des 14èmes Rencontres littéraires des pays de Savoie l’an dernier. Le ressortir des tiroirs au moment où la question des réfugiés est d’une brûlante actualité, pourquoi pas, mais personnellement j’y vois une certaine forme d’opportunisme. J’ai peut-être l’esprit mal placé (sans doute même, on n’arrête pas de me le dire), n’empêche…
A ce stade de la nuit de Maylis de Kerangal. Verticales, 2015. 74 pages. 7,50 euros.