Chronique « Il était une fois dans l’Est », tome 1.
Scénario de Julie Birmant, dessin de Clément Oubrerie,
Public conseillé : Adultes et adolescents,
Style : Biographie romancée,
Paru aux éditions Dargaud, le 27 novembre 2015, 152 pages, 22.95 euros
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L’Histoire
Nice, 14 septembre 1927. Isabela Duncan et son amie Mary se promènent sur la promenade des anglais. Avisant un beau jeune homme dans une voiture de course, Isabella s’invite dans sa voiture.
Moscou, été 1923. Le poète russe Sergueï Essenine retrouve par hasard Mariengof, son ami et éditeur. Depuis quatre ans qu’il est parti en Angleterre, les liens se sont distendus entre les deux hommes.
A la nuit tombée, les anciens amis partent en vadrouille. Dans un bar mal famé, Essenine est reconnu par la faune locale. C’est à ce moment qu’Isabella entre dans le bar, elle aussi…
Pris à parti par la foule qui l’acclame, Essenine titube jusqu’à la scène pour déclamer sa poésie. Ne supportant plus l’homme, ni sa froideur envers elle, Isabella s’enfuit.
Ce que j’en pense
Julie Birmant et Clément Oubrerie, les auteurs de la série à succès “Pablo” reviennent avec un one-shot qui leur ressemble ! Biographie, romance et arts, le mélange qui avait conquis la presse et un large public, semble être leur marque de fabrique.
Pour “Il était une fois dans l’Est”, ils s’éloignent des milieux artistiques parisiens pour nous embarquer en Russie et en Amérique. Cette fois-ci, c’est l’amour entre la belle danseuse américaine Isabella Duncan et le poète Sergueï Essenine qui sert de fil rouge.
Avant de parler de couple, ils nous racontent Isabella. Sa jeunesse de “vaches maigres” en Amérique, sa venue en Russie pour danser devant Lénine, ils brossent un portrait d’une femme pleine de vie, pétillante, exaltée et amoureuse de l’idéal communiste. Une femme qui “danse la vie et la liberté” !
A travers ce duo d’amants, ils évoquent la magie de la danse et de la poésie, l’art qui survit sur les cendres fumantes de la guerre civile…
A la fin de cet album, mes sentiments sont mitigés. Bien sur, Birmant et Oubrerie célèbrent l’art dans toute sa splendeur. Liberté, amours et passions s’enflamment pour nous. Comment ne pas applaudir à ces excès de liberté ?
Mais le dessin de Clément n’est pas des plus faciles. Un peu hésitant, son trait nerveux est rehaussé par sa mise-en-couleur directe (à l’aquarelle) pleine d’émotions. C’est ça qui le sauve, à mon gout. Les grandes cases (2 à 5 par planches) laissent parler la couleur et nous embarquent facilement.
Enfin, les scènes de danses très épurées sont vraiment celles qui m’ont séduit. Clément tente une autre technique graphique plus classique, qui me touche par sa capacité à rendre mouvement et sensualité.
Pour résumer, “Il était une fois dans l’Est” est une plongée dans l’art des années 20, de la Russie aux U.S.A./strong> Uni par deux amants flamboyants, exaltés, c’est le nouveau défi des auteurs de “Pablo” : nous faire saisir l’indicible, vivre la poésie d’un instant, d’un mouvement de hanches…J’attendrais avec intérêt la suite et fin de ce diptyque.