A l’âge de l’insouciance, Becky est rattrapée par sa mauvaise santé, qui s’est gravement dégradée à cause d’un virus qui a affecté son cœur. Elle qui adorait courir et profiter de la vie avec ses amies, à seulement 14 ans, sa vie future dépend désormais d’une greffe cardiaque. Chance qu’elle va finalement avoir. Mais suite à cette greffe, Becky se sent différente. Depuis son réveil, elle ne cesse d’avoir des visions. Des lieux lui semblent familiers, alors qu’elle ne les a jamais visités. Ses goûts changent, mais ce n’est pas le plus marquant. Le plus frappant, c’est l’image de ce garçon qu’elle ne connaît pas. Est-il réel, est-il rêvé ? Tout cela n’est-il que le fruit de son imagination ?
En toile de fond de ce roman, la question du don d’organes et de la maladie, abordée ici simplement mais clairement par le biais du personnage principal. Le fait qu’elle ait le même âge que le public visé laisse entrevoir l’importance de sensibiliser le lectorat sur cette question, et pas uniquement à l’âge adulte. En cela j’ai trouvé ce roman singulier, car au-delà des sujets classiques propres à l’adolescence, il aborde un sujet plus profond, auquel on ne songe pas forcément à cet âge là.
De base, Becky symbolise typiquement l’adolescente « lambda », mais ce qui la rend différente, c’est justement sa maladie et la nécessité pour elle de subir une greffe de cœur. La différence, qui est un sujet sensible chez les ados, m’a semblé ici traité avec justesse. La jeune fille vit désormais avec le cœur d’un autre, et face à ce qui semble être de l’incompréhension, ou de l’incrédulité face à des choses que ses camarades ne maîtrisent pas, elle devient alors l’objet de toutes les attentions (pas toujours bienveillantes) et des moqueries des élèves. Et alors que l’isolement gagnait du terrain, Becky fait la connaissance de Sam, un lycéen rencontré dans l’un des lieux qui lui apparaissait familier. Sans trop vous en dire, pour ne pas ôter tout suspense à l’intrigue, j’ai trouvé la coïncidence dont il est question un peu grosse, mais en même temps, si on part du principe que rien n’arrive par hasard et que tout a un sens, on peut se dire « pourquoi pas » ? Tout finit par prendre sens, y compris les visions vécues par l’adolescente, et c’est bien là l’essentiel pour une fiction.
Selon moi, le propre des romans pour ados, qu’ils soient ancrés dans le réel ou non, c’est d’offrir la possibilité à ses lecteurs de s’identifier au personnage principal, de s’en sentir proche. Je perçois le livre comme moyen de se projeter à travers la fiction, pour trouver, de manière consciente ou non, des réponses à ses propres questionnements, à ses propres épreuves personnelles. Et avec celui-ci, c’est ce que j’ai retrouvé : des thèmes qui parleront au public ciblé, autour de la différence, de la relation avec les pairs, de l’amitié, de l’amour… Et malgré son apparente épaisseur, ce roman se lit de manière fluide et rapide (pour certains, la taille d’un livre, ce n’est pas un argument, mais pour d’autres…!).
Conclusion : c’est un roman agréable, qui a le mérite de traiter un sujet qui s’avère être peu (ou pas assez) abordé en littérature pour la jeunesse. A recommander à partir de 13-14 ans.
Merci à Babelio et aux éditions Fleurus pour l’envoi de ce roman.