Un p'tit nouveau publié dans la collection «Terres d'Amérique»? Une traduction d'Hélène Fournier? Un premier recueil de nouvelles avec Central Park dans le titre? Un recueil encensé par David Vann et Dave Eggers? Un auteur ayantune parenté littéraire avec Raymond Carver, John Cheever et Tobias Wolff? La coupe est pleine. Impossible de résister.Les lumières de Central Park, c'est treize nouvelles ancrées dans Manhattan.Pas le Manhattan des bas-fonds et des laissés-pour-compte. Plutôt celui des bien nanties. Un univers où personne ne manque de rien, sinon d'un peu plus d'amour.Au fil de ses nouvelles, Tom Barbash se transforme en cartographe des relations entre les êtres, particulièrement celles entre un parent et son rejeton.Les relations mère-fils occupent ici une place de choix, comme dans «La rupture». Une mère castratrice mène la vie dure à la nouvelle petite amie de son fils, sous prétexte qu'elle n'est pas assez bien pour lui. Dans «Hurler à la lune», Lou, un jeune garçon de douze ans, doit s'habituer au nouveau copain de sa mère et à ses nombreux enfants. Et il se rappelle la mort de son frère, mort dont il est en partie responsable. Dans «Janvier», ma préférée, un ado, dont le père se meurt à l'hôpital, a du mal à accepter le nouveau copain de sa mère.Les relations père-fils ne sont pas en reste, comme dans «Ses mots», où un professeur de littérature accepte mal que son fils fréquente une de ses étudiantes. Dans «Les lumières de Central Park», un garçon vient de perdre sa mère, morte d'un cancer. Il en veut à son père de se la jouer tombeur et de multiplier les conquêtes.Le refus de tourner la page et d'aller de l'avant est aussi omniprésent. Dans «La soirée des ballons géants», un homme organise une fête pour Thanksgiving. Sa femme vient de le quitter. Craignant le qu'en-dira-ton - et espérant son retour -, il ment à ses convives sur les raisons de son absence. Dans «Veille avec moi», Henry et Alice n'arrivent pas à se quitter. Lorsqu'Alice veut se confier, lorsqu'elle a besoin d'un conseil ou a envie de se réchauffer, elle se précipite dans les bras d’Henry.Mais, au final, ce qui ressort à la lecture de ce recueil, c'est le puits sans fond de solitude qui entoure les personnages. Ils ont un mal fou à vivre les uns avec les autres. Mais plutôt que d'être seul, les uns font du surplace, alors que d'autres s'empressent de boucher le trou laissé par l'absence ou la perte.Chacune de ces nouvelles est d'abord parue dans différentes revues. Ce qui explique sans doute son côté patchwork. Certaines nouvelles s'insèrent mal dans l'ensemble. Que viennent faire ici «Lettres de l'Académie», dans laquelle l'entraîneur d'une future star du tennis écrit au père de ce dernier? Et «Paris», dans laquelle un journaliste délaisse les faits divers et part couvrir les réunions publiques et la vie d'une petite bourgade?Alors… Tom Barbash: un petit cousin de Raymond Carver, de John Cheever et de Tobias Wolff? Si tel est le cas, il faut descendre profond dans les racines de l'arbre généalogique. On est bien loin du mordant de Carver… Plusieurs nouvelles ont un goût d'inachevé, un manque de profondeur. J'ai trouvé que l'ensemble manquait de cohésion. Ce qui m'a le plus étonnée et agacée à la fois, c'est le regard posé sur les hommes et les femmes. Il y a tantôt des êtres mous et soumis. Tantôt, des égocentriques et des manipulateurs. Difficile de s'attacher ou d'éprouver de l'empathie!Les dialogues, nombreux, sont bien rythmés, mais tombent souvent à plat.L'écriture de Tom Barbash est certes maîtrisée, sans faux pas et très efficace dans son minimaliste. Mais ses mots ne sont pas arrivés à m'emporter.Les éloges de Dave Eggers et de David Vann n'étaient pas gratuits. Nul doute que Tom Barbash est un auteur prometteur. Aussi, je resterai aux aguets.Les lumières de Central Park, Tom Barbash, Albin Michel, 272 pages, 2015.★★★★★