Résumé :
« Imaginez un monde où personne ne s’éteint.
Imaginez un service de soins palliatifs où personne ne succombe.
Imaginez un univers où la mort en a ras la faux et fait un burn out.
Emm n’en peut plus. Un matin, elle s’arrête et s’assoit. Ses bras sont de plomb, elle pèse une tonne, elle ne peut plus se lever.
En se laissant aller à son spleen, elle rencontre Suzie, une jeune femme dont la gentillesse va l’émouvoir. Commence alors un périple extraordinaire au cours duquel Emm va découvrir la richesse de la nature humaine. »
Mon avis :
Je tiens d’abord à remercier chaleureusement Babelio pour l’envoi de ce livre! Le titre me donnait envie de le lire, mais là c’est une véritable découverte et un vrai coup de cœur qui me donne envie de lire les autres œuvres de Marie Pavlenko.
Ce livre d’un peu plus de 190 pages nous emmène à la découverte d’une femme, Emm, qui en a assez de son travail, de sa vie, de tout. Elle est en total burn out et passe ses journées affalée dans un canapé. En parallèle, nous apprenons à connaître Suzie, une autre jeune femme qui elle, vient d’apprendre qu’elle était souffrante et qu’il ne lui restait que très peu de temps à vivre. Mais, grâce au personnage d’Anatole Paladru, médecin à l’hôpital, on apprend aussi que la mort semble être en congé. Les gens souffrent, mais ne meurent plus. Commence alors une ère de panique générale où les gens croient à un complot des puissants de ce monde et réclament leur droit de mourir.
Elle était incapable de reprendre le boulot. Elle aurait gravi l’Himalaya à cloche-pied plutôt que de faucher de nouveau.
Sur les conseils de sa Faux, Emm, ou plutôt La Mort, va apprendre à connaître le monde des humains. Elle va les côtoyer, découvrir leur nourriture, leurs habitudes… Et son chemin va finir par croiser celui de Suzie et d’Anatole. Les trois personnages vont vivre quelques aventures ensembles, qui ne les laisseront pas indemnes…
Tout d’abord, j’ai adoré l’originalité de ce livre, de l’histoire. Mais surtout j’ai aimé les personnages. Je me suis beaucoup attachée à Emm, à Suzie et à Anatole bien que dans les premières pages, je ne le sentais pas ce type. D’ailleurs je trouve qu’Anatole évolue énormément au fil des pages, tout comme Emm. Elle apprend à vivre une vie d’humaine et elle découvre les petits plaisirs futiles que l’on ne prend même plus la peine d’apprécier. J’ai aussi adoré le personnage de La Faux. C’est d’ailleurs assez incongru de faire parler une Faux, mais j’ai apprécié son sarcasme et son humour piquant et je trouve que ce personnage a parfaitement sa place dans le livre.
Il se suicide au gras depuis des années mais son taux de cholestérol refuse de lui donner le coup de grâce.
J’ai aussi adoré le style d’écriture de Marie Pavlenko. J’ai aimé son humour, sa façon de tourner les phrases, les métaphores qu’elle utiliser, son ironie… C’est ce genre d’écriture que j’aime tout particulièrement. D’autant plus que le langage utilisé est courant, ce qui nous permet de nous plonger totalement dans le livre, on se croirait spectateur direct de ce qu’il se passe entre les personnages.
J’ai aimé la fluidité de l’écriture aussi, je n’ai trouvé aucunes longueurs particulières, j’ai pris du plaisir à lire du début à la fin. Et ce qui est particulièrement appréciable c’est que l’on passe d’une narration à l’autre, un coup c’est Emm, puis Anatole puis Suzie (et même une fois la mère d’Anatole, qui m’a bien fait rire). Je trouve que l’auteur manie admirablement l’art de passer d’un narrateur à l’autre, je ne me suis jamais sentie perdue.
Un film, Emm, ne fais pas semblant de ne pas comprendre ! Ces histoires que les hommes se racontent pour échapper à la réalité et ne plus avoir peur de toi, leur inéluctable point de mire.
J’ai beaucoup aimé la fin. C’est celle que j’espérais! Je ne veux pas vous spoiler en vous en dévoilant trop, mais sachez juste qu’à la fin, la boucle est bouclée. On ne reste pas sur un goût d’inachevé.
Bref, c’est un très très bon livre que je vous recommande. Il est facile et rapide à lire et l’auteur vous transportera aisément dans son univers.
Note : 20/20
Mourir, c’est la fin. Le monde continue de tourner, sans nous. C’est être exclu du monde, renoncer aux chemins que nous n’avons pas eu le temps d’emprunter. Il y a cette idée de gâchis. On voudrait s’accomplir et être heureux mais on se dissout dans le quotidien, on se laisse dévorer par un travail chiant, des soucis sans intérêt, et au final, on passe à côté de notre vie. Enfant, elle est illimitée, potentiellement multiple. Elle ressemble à un chêne millénaire, imposant, touffu. Puis on grandit, on se confronte à des choix, et l’arbre se rabougrit. Un jour, on est vieux et on se rend compte que le chêne s’est transformé en ficus nain.