De nouveaux Avengers, pour une nouvelle ère. Après un premier coup d'oeil donné aux différentes covers, j'ai tout de même eu un mouvement de recul prévisible, car je suis un lecteur qui a dépassé le cap des trente-cinq années de service... Au menu, des jeunots, les héros de la nouvelle génération, ceux qui ont moins de charisme, souvent mis en scène par des dessinateurs au trait plus cartoony, et que je n'apprécie guère plus que ça... Mais bon, au scénario, Mark Waid, un de ceux qui me déçoivent rarement, et qui reste sur une prestation très sympathique avec Daredevil. Alors allons-y, et vérifions sur pièces. Première remarque, ne faites pas confiance au nom ronflant et un poil trop long, il n'y a plus d'Avengers quand commence la série. La Tour des Vengeurs a été vendue par Tony Stark, qui traverse une période creuse coté portefeuille mais reste l'heureux possesseur de gadgets et de matériels ultra cool, comme une voiture qui vole et capable de subir une modification digne du meilleur épisode des Transformers. Autre personnage central utilisé par Waid pour introduire ses idées, celui de Sam Wilson, le nouveau Captain America, qui a encore des déboires pour ce qui est de sa renommée et de l'incarnation de son statut de défenseur de l'Amérique. Ces deux-là sont le prétexte à des dialogues forts plaisants, écrits au second degré, qui introduisent un ton rafraîchissant et de l'humour salutaire. D'autant plus qu'un peu plus loin, alors que la première menace commence à se dévoiler (on a droit a un adversaire mystérieux à ce point du récit, et à la présence d'un combattant Chitauri déjà rencontré dans Nova), voici débarquer dans ces pages le nouveau Spider-Man, Miles Morales, transfuge du défunt univers Ultimate. Gros reproche que nous pourrions faire à Waid : proposer des enjeux infiniment plus modestes par rapport à la longue saga complexe et diabolique orchestrée avant lui par Hickman. On passe de l'universalité du désastre à un récit intimiste, terre à terre, plus proche de l'esprit des pères fondateurs Marvel, avec une attention à l'humain, aux personnalités.
Moi je trouve cela agréable, un changement de cap qui donne de nouvelles perspectives, et qui est séduisant dans l'esprit. D'autant plus qu'en back-up une courte histoire mettant en scène Kamala, la nouvelle Miss Marvel, et le toujours très jeune Nova (Sam Alexander) permet de bien saisir les doutes et les hésitations de cette nouvelle génération de héros, pour qui les hormones et l'adolescence sont autant une menace que les skrulls ou Fatalis. Les dessins sont soignés et de haut niveau, avec Andy Kubert tout d'abord (forcément...) puis de Mahmud Asrar pour ces pages conclusives. Tranches de la vie quotidienne et construction humanisée de son équipe encore en gestation, au moins Mark Waid a t-il correctement calibré son scénario pour coller au prétexte des "Marvel nouveaux et différents". Il a ma confiance et je reste en attente de la suite.
A lire aussi :
Le Daredevil de Mark Waid met le cap sur la Californie