Guardians of Infinity #1

Les équipes des Gardiens de la Galaxie fusionnent, les époques se mélangent, bref, la galaxie va être bien gardée ! Trois époques, trois millénaires, trois équipes, tout ce beau monde part sauver le cosmos et la continuité temporelle...

Pour mes bonnes résolutions de l'année 2016, j'ai décidé de ne plus parler des Guardians de Brian Michael Bendis. Le côté "soap/feuilleton" m'horripile, et il faut admettre que ce titre n'est pas pour moi (ou pour toute personne aimant les séries où il se passe des choses, allez hop tacle à mon partenaire de crime). Du coup, quand Marvel a annoncé un nouveau titre sur les Gardiens, qui mélangeait le Guardians 3000 d'avant Secret Wars, l'équipe moderne, et une équipe ancienne vieille de 1000 ans, j'ai tendu l'oreille. Quand en plus il ramenait la première moitié du fameux duo cosmique de la bonne époque, Dan Abnett (sans son comparse Andy Lanning), j'ai tendu l'autre oreille. J'aurais pu m'abstenir.

Le numéro est divisé en deux histoires, qui font chacune une quinzaine de pages. Si à ce stade ce n'est plus un back-up mais bien une division hasardeuse, on peut se laisser tenter par les auteurs de la seconde moitié : Jason Latour, épaulé par Jim Cheung, qui a eu pour une fois le temps de dessiner correctement. Par contre, Abnett sans Lanning, c'est décevant. On suit dans ce numéro les Gardiens de notre époque, qui se retrouvent dans un vaisseau étrange, et vont finir par tomber sur les Gardiens 3000 du futur, puis sur les Gardiens de l'an 1000. C'est très léger, on ne prend pas les meilleurs personnages de chaque équipe, et donc on s'ennuie vite.

Parce que oui, hormis pour le capital sympathie, l'équipe du présent constituée de Rocket, Groot et Drax n'est pas forcément passionnante. On sentirait presque que l'auteur se retrouve coincé avec ces personnages plus populaires auprès du grand public, et l'intrigue n'est pas intéressante ou bien menée. Les dialogues sont poussifs, les rappels au passé sont très forcés, et les personnages ne semblent pas du tout naturels. Contrairement aux mutants, les Gardiens sont une équipe qui fonctionne surtout quand il y a de l'action, vu que les développements des personnalités sont relativement peu faciles ou fréquents.

Du coup, on lit ça sans prendre beaucoup de plaisir, entre des situations déjà vues et revues (le combat entre les héros, Rocket qui est malhonnête, Drax qui veut tuer), et s'il faut attendre la fin de l'épisode pour voir les trois équipes arriver, c'est déjà trop tard. L'introduction est poussive, les personnages trop clichés, et le numéro manque cruellement d'âme et de surprise.

En plus de ça, Carlo Barberi fait encore et toujours les mêmes dessins, jamais laids mais très marqués dans son style : les personnages ont tous des têtes en forme d'œufs, et le recours au numérique n'aide vraiment pas ses pages à avoir une âme. C'est propre et ça bouge bien, mais ça n'a pas vraiment d'identité propre.

C'est vraiment dommage, parce que la seconde moitié, par Latour et Cheung, est bien mieux. On suit en effet Ben " La Chose" Grimm, isolé sur une planète avec Rocket, qui fait des combats de catchs contre des aliens pour récupérer une pièce de vaisseaux. On pouvait craindre une histoire parodique un peu lourdingue, mais il n'en est rien : on (re)voit ainsi le côté touchant de la Chose, qu'on considère comme un monstre, mais qui est finalement le plus humain parmi les monstres. En plus de ça, on retrouve le Jim Cheung des grands jours, celui qui dessine les émotions mais aussi le fun et la violence, et nous rappelle ce dont il est capable quand il n'est pas pressé. Celui qui crée des scènes d'actions un peu folles, des designs de personnages réussis, bref, le bon Jim Cheung. C'est juste dommage que ces quinze pages n'appellent pas une suite...

Guardians of Infinity #1Guardians of Infinity #1

Marvel Comics * Par Dan Abnett, Carlo Barberi, Jason Latour & Jim Cheung * $4.99
C'est gentil, mais si c'est pour faire ça, ce n'est pas la peine. Malgré une seconde histoire réussie, Guardians of Infinity prend un mauvais départ. Souhaitons que de vrais enjeux apparaissent, et que le titre se trouve enfin une âme...