Pas facile pour Charles Soule de prendre la suite de Mark Waid. La série précédente a bien fonctionné, elle a été couverte de louanges et a reçu quelques récompenses au passage... Bref, le scénariste joue gros avec cette mouture All-New All-Different de Daredevil. D'ailleurs, que trouve t-on de si nouveau avec ce numéro un? Et bien le Diable Rouge (et noir) est de retour à New-York, et il n'est pas seul puisqu'associé à une sorte de jeune side-kick d'origine asiatique, Blindspot, à savoir Samuel Chung au civil. Celui-ci possède des talents avérés en arts martiaux, et il est doté d'une combinaison qui le rend invisible, d'où le choix de son nom de code. Pour ce énième redémarrage, l'histoire nous emmène du coté de Chinatown, quartier mystérieux et dangereux s'il en est, dans l'imaginaire collectif lié aux comic-books. Là-bas un nouveau chef de la pègre a fait son apparition, en la personne de Tenfingers (la planche finale vous renseignera sur le pourquoi de cette joli surnom), qui chapeaute une organisation de malfrats, mise en danger par le précieux témoignage de Billy Li, détenteur d'informations compromettantes. Pour le protéger et lui sauver la mise, rien de mieux que d'avoir Daredevil comme garde du corps. Mais aussi Matt Murdock comme avocat, appelé à le défendre et le soutenir devant la cour. Voilà pour la trame. Passons de suite aux innombrables questions qui vont vous assaillir à la lecture de ces pages. Matt est donc revenu à New-York. Et Kirsten McDuffie dans tout ça? Et Foggy Nelson, le voici guéri? Et puis je vous passe le meilleur, le plus spectaculaire, voire le plus incroyable... bref Soule reste vague sur un point crucial qui sent bon la marche arrière toute. All-New All-Different certes, mais l'impression est de revenir au début des années 2000, pour mieux s'adresser aux nouveaux lecteurs séduits par la série télévisée Netflix. Ce Daredevil là, il est pensé avant tout pour eux.
C'est donc un retour aux sources, qui joue sur des codes ultra assimilés, et place le lecteur dans une position familière qui évite de le prendre à rebrousse-poils. L'ensemble est fort bien dessiné par Ron Garney, qui choisit de donner à ce titre une ambiance urbaine sombre, crade, avec des couleurs volontairement éteintes (le job est confié à Matt Mila) qui ne laisse éclater que le rouge et le noir du nouveau costume de Daredevil. Les personnages évoluent dans l'ombre, et pour aussi loin que je me souvienne, même si le style était radicalement différent, j'y perçois quelques réminiscences des ambiances instaurées par Scott McDaniel. Rien à dire sur l'efficacité de ce numéro, placé entre les mains de celui qui voudrait enfin se mettre à suivre les aventures du super-héros aveugle le plus célèbre. Mais ceux qui ont adoré le run de Waid, et sa positivité latente et inébranlable, ceux-là vont peut être avoir des regrets, et ressentir comme un léger malaise durable...
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