Présentation
"Durant le printemps et l’été 2014, des populations consternées ont suivi avec attention, beaucoup de compassion et une grande inquiétude, la réapparition de la fièvre hémorragique virale (FHV) causée par le virus Ebola qui, après avoir atteint trois pays d’Afrique de l’Ouest – la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone – venait de faire, par avion, un saut inattendu vers le Nigeria. S’étant fait discret quelques mois, sans cesser de faire des victimes, le virus reprenait de la vigueur en août, tuant sans pitié, semaine après semaine, les morts se comptant par centaines. Ebola 2014 se révélait désormais le pire millésime de toute l’histoire de ce mal si particulier et si déconcertant, d’une telle dangerosité qu’il concurrençait dans la presse des événements aussi graves que les confl its en Syrie, en Ukraine et dans la bande de Gaza." D. Q.
En 1976, un virus mortel fait son apparition dans la forêt du Congo et disparaît aussitôt. Depuis quarante ans, Ebola se manifeste de façon dévastatrice, tuant 90% de ses victimes. Entre deux épisodes, il ne laisse aucune trace, se fond dans la jungle. Des milliers d'échantillons d'excréments de cadavres sont analysés à la recherche du réservoir hôte, sans résultats.
David Quammen a suivi toutes les recherches sur le terrain et en liaison avec les laboratoires. C'est cette aventure qu'il nous raconte au jour où la seule certitude des scientifiques, tout comme pour la peste ou la rage, est que le virus se déclare lorsque l'écosystème a été boulversé du fait de l'homme ou de la nature.
Les habitants des villages où Ebola a frappé - les survivants, les éprouvés, les terrifiés mais malgré tout heureux d'avoir été épargnés - ont leurs propres façons d'interpréter ce phénomène et l'une d'elles est d'en faire porter la culpabilité aux esprits maléfiques
Avis
Cet ouvrage traite de l'histoire d'un virus, un zoonose appelé Ebola. En de courts chapitres David Quammen tente d'expliquer la provenance d'un tel virus qui passe de l'animal à l'homme, qui apparaît puis disparaît très vite, se modifiant génétiquement au point de créer des variantes d'un pays à un autre et dont il est très difficile de repérer le réservoir hôte. Cette étude qui pourrait s'apparenter à une véritable enquête débute en 1976 pour se terminer en 2014, de termes scientifiques en sauts géographiques nous voilà à traquer le virus en compagnie de spécialistes virologues, généticiens et autres explorateurs de forêts africaines.
Des termes très techniques pour déployer toutes les connaissances scientifiques connues sur Ebola et d'autres virus mortels, les moyens d'éviter la contamination, l'auteur nous donne d'ailleurs un bon conseil:
Si votre mari en attrape un, donnez-lui de la nourriture, de l'eau et de l'amour, dites peut-être quelques prières, mais gardez vos distances, attendez patiemment et faites des voeux - et s'il meurt, ne nettoyez pas à main nue ce qu'ont lâché ses tripes. Il vaut mieux s'en éloigner, lui envoyer un baiser et mettre le feu à la baraque.
A suivre ou pas .... à vous de jugez, pour ma part cela me paraît un peu radical. Je dois préciser qu'il est difficile de suivre le raisonnement de l'auteur alors le lecteur doit bien s'accrocher car beaucoup de questions sont posées sans pour autant nous apporter de réponses sûres. La virologie est un monde à part, et ce livre nous montre que la recherche sur ces virus tueurs est totalement fascinante.
Le mot de la fin reste tout de même alarmant:
Quand cette épidémie s'arrêtera en Afrique, le virus Ebola n'aura pas disparu. Il se sera caché à nouveau. Il se sera enfoui dans son réservoir-hôte, quelque part dans la forêt, en attendant une prochaine opportunité de resurgir.
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