Comme avec le premier volume, Pierre Pevel réutilise les ingrédients qui font son succès, et qui sont sa « griffe ». Ce Paris de la Belle Epoque où l’on croise toutes sortes de créatures féériques est une création enthousiasmante.
L’Elixir d’oubli nous entraine cependant à d’autres époques, notamment la Régence, savoureuse période qui marque la toute première rencontre entre Louis et Isabel. Un bel hommage à la littérature populaire et clins d’oeil aux héros masqués et bandits au grand coeur – je ne vous en dis pas plus. Comme dans le premier volume, on y croise quelques figures de la littérature connues et on retrouve évidemment les comparses habituels de notre intrépide couple. L’intrigue tient en haleine (un gros coup de théâtre, que dis-je, une tragédie a failli me faire étrangler en buvant mon thé !), et Pierre Pevel marie à merveille l’action, l’humour et une bonne dose de romantisme. J’ai beaucoup apprécié en savoir plus sur l’Outre-Monde et les cercles des magiciens, et puis il m’a semblé que le nombre de créatures féériques s’étoffait : minimets (les passages qui leur sont consacrés sont trop courts, hélas), ogre contrebandier, elfes sans oublier les indispensables chats ailés et les dragons.
Une parenthèse enchantée qui fait beaucoup de bien, et des personnages que l’on prend grand plaisir à retrouver, autant d’atouts qui m’ont poussée à lire les deux volumes d’une traite. Je ne dirai pas non à un quatrième tome, cela va de soi.
— Si je m’étais rendue comme vous, à quoi est-ce que cela aurait servi ? se défendit Isabel. Et puis vous étiez très bien, tous les deux, avec Sarante. Très dignes et vertueux. Très Vercingétorix livrant ses armes à César. J’aurais gâché le tableau… D’ailleurs, ajouta-t-elle avant de boire une gorgée de vin blanc, je n’y étais pour rien, moi, dans cette histoire. Mais on m’aurait fait des tas d’embêtements quand même.
Griffont était bien obligé d’admettre que c’était vrai.
— N’empêche, j’ai eu l’air fin, dit-il.
— Et moi, vous pensez que j’avais fière allure à cavaler en pleine nuit dans la forêt ?
— Les déroutes empruntent rarement les chemins de la dignité, cita Griffont.
— Qui a dit ça ?
— Aucune idée. Mais je suis sûr que ça sonnerait mieux en latin.
— Tout sonne mieux en latin. À croire qu’ils ne s’exprimaient qu’avec des proverbes et des devises, sous Cicéron.
— Je pense que c’est la toge qui fait ça. Quand on a les mollets à l’air, on a tout intérêt à donner dans le sentencieux si on veut être pris au sérieux.