Je débute 2016 comme j'ai quitté 2015, en compagnie de Jane Austen, of course !
Mansfield Park débute par la revisite du conte de Cendrillon. Le couple Bertram fortuné et doté de quatre enfants pas tous subtils se décide à un acte charitable, en assurant l'éducation d'une nièce désargentée et surtout aînée d'une fratrie conséquente, Fanny Price, en la recueillant dans leur âtre manquant singulièrement de chaleur -humaine-. Subissant à son arrivée les quolibets de ses deux cousines germaines et d'une autre tante maternelle, Fanny fait preuve de retenue et même d'effacement. Seul, Edmond, le cadet des Bertram, semble s'attacher à son bien-être dans ce nouveau lieu de vie. L'arrivée de voisins dissipés et peu regardants sur les principes, les Crawford, va modifier la donne et les comportements jusqu'alors bienséants, en apparence seulement.
J'ai moins accroché à cette histoire. Théoriquement, elle est parfaite, d'une logique implacable. L'écrit épouse magnifiquement le comportement des protagonistes : chaque scène décrit la confusion et la versatilité des esprits, leur instabilité affective aussi. J'ai apprécié que Jane Austen sorte de ses personnages nourris d'une grandeur d'âme (Monsieur Darcy dans Orgueil et Préjugés, Frederick Wentworth dans Persuasion ou bien le colonel Brandon dans Raison et sentiments). Elle casse les codes, ne s'appesantit pas sur un type d'oeuvre, défigure ce qui a fait son succès. Mansfield Park est profondément sombre : les deux héros -Edmond et Fanny- ne sont pas super engageants (ils ne montrent pas un fort caractère, s'affirment peu), les autres personnages (le couple fraternel Crawford - Mary et Henry- , les demoiselles Bertram - Maria et Julia-, Monsieur Rushworth) m'ont paru insipides. Même Madame Norris, censée relever l'intrigue par ses saillies verbales aussi creuses et humiliantes que dissimulant difficilement sa radinerie, ne m'a guère enthousiasmée. Reste que n'est pas Jane Austen qui veut. Chaque détail compte, chaque moment qui paraît perturbé et inachevé rebondit plus loin. Et le fameux coup de théâtre est spectaculaire, bien que préparé longtemps à l'avance. Mansfield Park vaut la lecture pour cette mise en scène d'orfèvre. Alors, oui, l'écrivaine ne fait pas rêver ici. Pas de décor somptueux, pas de prince charmant charmant (la redondance est voulue), pas de palais qui déchire, pas de froufrous. C'est un roman extrêmement lucide que nous renvoie l'auteure : le mode des marins version matelot, la disgrâce après l'audace, l'éclosion d'un splendide papillon dont le cocon a connu quelques fêlures. Fanny Price est plus proche de Catherine Morland (Northanger Abbey) et d'Elinor Dashwood (Raison et sentiments) que d'Elizabeth Benneth (Orgueil et préjugés) : sincère, trop raisonnable et parfois terne. Mais voilà, il y a des bouquins que j'arrête par leurs défauts évidents et insurmontables et il y a celui-ci qui se mérite. Oui, j'ai sauté certaines descriptions, oui j'ai soupiré jusqu'au premier tiers de l'histoire en me demandant où Jane m'emmenait, mais je n'ai jamais regretté de lui avoir fait confiance. Jane Austen est assurément une écrivaine majeure que j'ai tardé à découvrir. Je suis ravie d'avoir récupéré mon retard !
Éditions Omnibus (la présente édition propose une étude super intéressante du roman par Vladimir Nabokov : à déguster comme il se doit !) Excellente traduction de Denise Getzler emprunté à la bibliothèque Je profite de ce premier billet de 2016 pour vous souhaiter une magnifique année 2016, à la fois douce et digne. Je vous remercie de vos passages réguliers ou épisodiques ou aléatoires (vous êtes libre d'agir comme bon vous semble), de votre fidélité à ce petit univers qui me plaît tant de documenter. Je vous souhaite de l'amour, de la joie, une santé exceptionnelle, la réussite dans tout ce que vous entreprenez (un beau bébé, un projet professionnel, une relation amoureuse bienveillante, une année réussie d'études, un déménagement etc). Je nous souhaite de garder notre cœur en éveil et je vous embrasse !
Mansfield Park débute par la revisite du conte de Cendrillon. Le couple Bertram fortuné et doté de quatre enfants pas tous subtils se décide à un acte charitable, en assurant l'éducation d'une nièce désargentée et surtout aînée d'une fratrie conséquente, Fanny Price, en la recueillant dans leur âtre manquant singulièrement de chaleur -humaine-. Subissant à son arrivée les quolibets de ses deux cousines germaines et d'une autre tante maternelle, Fanny fait preuve de retenue et même d'effacement. Seul, Edmond, le cadet des Bertram, semble s'attacher à son bien-être dans ce nouveau lieu de vie. L'arrivée de voisins dissipés et peu regardants sur les principes, les Crawford, va modifier la donne et les comportements jusqu'alors bienséants, en apparence seulement.
J'ai moins accroché à cette histoire. Théoriquement, elle est parfaite, d'une logique implacable. L'écrit épouse magnifiquement le comportement des protagonistes : chaque scène décrit la confusion et la versatilité des esprits, leur instabilité affective aussi. J'ai apprécié que Jane Austen sorte de ses personnages nourris d'une grandeur d'âme (Monsieur Darcy dans Orgueil et Préjugés, Frederick Wentworth dans Persuasion ou bien le colonel Brandon dans Raison et sentiments). Elle casse les codes, ne s'appesantit pas sur un type d'oeuvre, défigure ce qui a fait son succès. Mansfield Park est profondément sombre : les deux héros -Edmond et Fanny- ne sont pas super engageants (ils ne montrent pas un fort caractère, s'affirment peu), les autres personnages (le couple fraternel Crawford - Mary et Henry- , les demoiselles Bertram - Maria et Julia-, Monsieur Rushworth) m'ont paru insipides. Même Madame Norris, censée relever l'intrigue par ses saillies verbales aussi creuses et humiliantes que dissimulant difficilement sa radinerie, ne m'a guère enthousiasmée. Reste que n'est pas Jane Austen qui veut. Chaque détail compte, chaque moment qui paraît perturbé et inachevé rebondit plus loin. Et le fameux coup de théâtre est spectaculaire, bien que préparé longtemps à l'avance. Mansfield Park vaut la lecture pour cette mise en scène d'orfèvre. Alors, oui, l'écrivaine ne fait pas rêver ici. Pas de décor somptueux, pas de prince charmant charmant (la redondance est voulue), pas de palais qui déchire, pas de froufrous. C'est un roman extrêmement lucide que nous renvoie l'auteure : le mode des marins version matelot, la disgrâce après l'audace, l'éclosion d'un splendide papillon dont le cocon a connu quelques fêlures. Fanny Price est plus proche de Catherine Morland (Northanger Abbey) et d'Elinor Dashwood (Raison et sentiments) que d'Elizabeth Benneth (Orgueil et préjugés) : sincère, trop raisonnable et parfois terne. Mais voilà, il y a des bouquins que j'arrête par leurs défauts évidents et insurmontables et il y a celui-ci qui se mérite. Oui, j'ai sauté certaines descriptions, oui j'ai soupiré jusqu'au premier tiers de l'histoire en me demandant où Jane m'emmenait, mais je n'ai jamais regretté de lui avoir fait confiance. Jane Austen est assurément une écrivaine majeure que j'ai tardé à découvrir. Je suis ravie d'avoir récupéré mon retard !
Éditions Omnibus (la présente édition propose une étude super intéressante du roman par Vladimir Nabokov : à déguster comme il se doit !) Excellente traduction de Denise Getzler emprunté à la bibliothèque Je profite de ce premier billet de 2016 pour vous souhaiter une magnifique année 2016, à la fois douce et digne. Je vous remercie de vos passages réguliers ou épisodiques ou aléatoires (vous êtes libre d'agir comme bon vous semble), de votre fidélité à ce petit univers qui me plaît tant de documenter. Je vous souhaite de l'amour, de la joie, une santé exceptionnelle, la réussite dans tout ce que vous entreprenez (un beau bébé, un projet professionnel, une relation amoureuse bienveillante, une année réussie d'études, un déménagement etc). Je nous souhaite de garder notre cœur en éveil et je vous embrasse !