de Anne-Laure Bondoux
Dans une ville grise où il n’y a pas de place pour le bonheur, où seule l’Usine qui pourvoit aux besoins de la Guerre en armes est l’employeur, Hama et Bo tombent amoureux. De catastrophe en catastrophe, la vie éprouve leur amour. La fuite devient un voyage, l’inconnu devient familier, les faiblesses deviennent des forces.
Ce roman de réalisme magique est très poétique. La plume mélodieuse de Bondoux fait vivre des métaphores : Bo et Hama vivent dans une société sombre dirigée par des autorités sans visage qui partent en guerre contre des pays sans nom. Au cœur de cette noirceur, le couple devient la représentation de ceux qui continuent de vivre, de rire, la résistance non armée. On retrouve l’archétype manichéen: « L’Ombre et la Lumière »; pourtant, en se concentrant ainsi autours des tourtereaux, Bondoux évite le cliché. Elle amplifie même l’impuissance de la population, du quidam, dans ce contexte abscons et donne à son histoire une dimension intemporelle, universelle et presque prophétique. La voix du narrateur, elle, est à la fois omnisciente et intime. Elle appartient à cette masse innocente et ignorante, à la mémoire commune et conte les drames humains et l’espoir d’une très jolie façon.
Sans adorer du plus profond de mon cœur, je me suis laissée emporter par le récit. Sans m’attacher vraiment aux personnages non plus, j’avais envie de connaître la suite, de comprendre leur destin. Mais même si la dimension fantastique du récit est très présente et que la magie vibre dans ces pages (bon, les rêves chamaniques c’est pas vraiment mon truc), je n’ai pas ressenti beaucoup d’alchimie entre cette lecture et moi. De plus, l’effet « boucle » du scénario ne m’a pas vraiment emballée: je trouve qu’il alourdit toujours l’histoire et rend la fin prévisible.
Cela dit, j’ai tout de même rencontré un bon écrivain et cela m’a donné envie de pénétrer un peu plus son œuvre.
Cette lecture est non seulement la première de l’année mais aussi la première a compter pour le Challenge Emprunts de Livres 2016! Ô joie! N’est-ce pas?
Marion