« La Zone d’Intérêt »
AMIS Martin
(Calmann-Lévy)
La Zone d’Intérêt, soit donc Auschwitz, où les nazis fournissaient aux plus puissants des capitalistes teutons une main d’œuvre à très bon marché. C’est là que Martin Amis fait « évoluer » ses personnages. Le Chef du camp, sorte de bouffon alcoolique. Celle qu’il épousa puisqu’elle ne disposait que de ce choix-là. Un officier SS, Thomsen, qui s’éprend de l’épousée. Un « Sonder », un de ces juifs que les nazis contraignaient à les assister dans les plus abjectes de leurs missions. Quelques autres comparses. Et puis, en arrière-plan, les dignitaires du régime. Et la guerre en Russie qui tourne de bien mauvaise façon pour les « conquérants » du côté de Stalingrad.
Le Lecteur s’affirme d’emblée plus que réticent à l’égard de ce roman-ci. Trop vieux ? Trop imprégné d’une haine absolue qui lui fut inculquée par ses parents et ses maîtres dès sa plus tendre enfance et qui ne s’éteindra qu’au jour de sa mort ? La haine du nazisme. Le Lecteur considère aujourd’hui qu’il est impossible de traiter de manière fictionnelle ce moment si dramatique de l’Histoire. Cette mission-là appartient aux seuls historiens. Martin Amis s’est emparé de ce qui, en tant que romancier, ne lui appartient pas. Son traitement, en équilibre instable entre dérision et humour noir, nuit à la cause qu’il donne parfois l’impression de vouloir défendre. Il est possible que le Lecteur n’ait rien compris. Si oui, il assume son incapacité non seulement à comprendre mais aussi à faire sien ce genre de traitement.