Un enfant de Dieu

Un enfant de DieuSevier, Tennessee, années 60Lester Ballard, cet «enfant de Dieu», ne l'a pas eu facile. Sa mère est partie, le laissant en plan, seul avec son père. À douze ans, il trouve son père mort, pendu au bout d'une corde. Laissé à lui-même, il grandit et sombre. La police l'a à l'œil. C'est qu’il a une très mauvaise réputation, Lester...

Les autorités du comté le forcent à quitter la maison familiale. Acculé au pied du mur, il n'a d'autre choix que de prendre la fuite. Il se réfugie dans une maison abandonnée et là, il s'enlise dans la solitude. Ce qui se passe dans sa tête prend de plus en plus de place, le faisant basculer dans la bestialité. Ses sorties en forêt, avec son ourson en peluche et son fusil, troublent. La jeune femme qui se trouve au mauvais endroit au mauvais moment en paiera les frais. Pour Lester, c'est le début de la fin...

Les romans de Cormac McCarthy - je pense à La route et à Suttree - sont d'une noirceur éprouvante. Un enfant de Dieu ne fait pas exception. Là où, à mon sens, McCarthy passe maître, c'est d'arriver à montrer la petite étincelle d'humanité présente dans le plus monstrueux des hommes. Certains diront que McCarthy a l'esprit dérangé. D'autres, qu'il est un grand humaniste. Je penche définitivement de ce côté. Tout est une question de point de vue! 

Cette plongée au fond des ténèbres dérange, forcément. Ce n'est pas une lecture douillette ni réconfortante. Pas d'espoir, ici. Pas de lumière au bout du tunnel. L'écriture de McCarthy est toujours aussi affutée, allant droit à l'essentiel, sans fla-fla. Comme j'aime!
Un enfant de Dieu fait partie de mon challenge50 États en 50 romans. Cette arrêt dans le Tennessee m'a donné quelques frissons d'épouvante. Mais quel plaisir!Le roman de McCarthy a été adapté en 2013 par James Franco. Je suis curieuse... 
Un enfant de DieuUn enfant de Dieu, Cormac McCarthy, Points Seuil, 192 pages, 2008.