Chronique « Azimut, tome 3 »
Scénario de Wilfrid Lupano, dessin de Jean-Baptiste Andreae,
Public conseillé : Pour tous
Style : Conte fantastique
Paru aux éditions « Vents d’ouest », le 4 janvier 2016, 48 pages, 13.90 euros
Share
L’Histoire
Le monde de est en crise ! La belle Manie Ganza, accompagnée de ses chers Sauges et d’Eugène, le peintre malheureux et transi d’amour, sont perdus dans le désert. Le PetitGistain vient de déclarer la guerre à tous les pays frontaliers et les Primordiaux réunis pour débattre de l’avenir des humains, ne veulent plus se parler… Dans la catastrophe générale et meurtrière qui se prépare, Eugène voit arriver les moines serviteurs du Livre des Réponses. Qui sait s’il saura poser les bonnes questions ?
Ce que j’en pense
J’avais déjà dit tout le bien que je pensais de cette série, menée de mains de maîtres par Wilfrid Lupano (au scénario) et Jean-Baptistes Andreae (au dessin). Les deux compères nous ont embarqué, dès la première planche, dans une fantaisie aussi originale que saugrenue, qui emprunte à tous les genres et à aucun en particulier. Dans cet univers mosaïque et totalement loufoque, qui me fait penser à “Lewis Carroll” et à “Terry Guilliam”, Wilfrid développe les grands thèmes éternels. Au centre de cette fable, il traite du temps. Son étude scientifique pour professeur Aristide Breloquinte, la beauté éternelle pour Manie Ganza, L’Amour sans fin pour Eugène, ou la survie après la mort de ses propres enfants pour la reine d’Ether. Chacun de ses personnages recherche, à sa manière, à en connaître les arcanes secrètes…
Les personnages fantastiques qui peuplent cet univers donnent une saveur particulière à cette fable tragi-comique. Après les animaux Chronoptères, les Sauges, et la mort personnifiée (Le Baron Chagrin), voici une nouvelle vague d’inventions farfelues. Dans le désordre, il y a une déesse de la terre aux formes girondes, Baba Arbiche, un chef du désert sorti tout droit des milles et une nuits, une tribu de monstrueux sauvages faux mangeurs d’hommes et vrais végétariens et une tribu d’éternels…
Wilfrid mélange, dans une grande tambouille poétique, notre folklore populaire avec un plaisir et un bonheur réciproque.
On pourrait se demander si ce mélange (épicé) ne rend pas confus son récit ? Et ben, non, étonnamment. Même si je ne sais toujours pas où il nous conduit, j’ai suivi ce nouvel épisode avec un plaisir orgasmique !
Enfin, impossible de dire tout le bien que je pense de cette série, sans parler du talent de son grand “imageur”, Jean-Baptiste Andreae. Comme il l’avait déjà prouvé sur ses séries précédentes (“Mangecoeur”, “Terra Incognita”, “La confrérie du crabe”…), il fait partie de ces rares dessinateurs de BD, avec Béatrice Tillier, Turf, Tiburce Auger, ou Guillaume Sorel, qui tente la mise-en-image d’univers fantastiques en couleurs directes. Le résultat est un festival d’inventions graphiques.
Dans son style particulier, entre “Cartoon” et réalisme, Jean-Baptiste dessine les plus gros délires avec une facilité déconcertante. Décors grandioses, personnages loufoques ou juste magnifiquement humains (tudju, que les courbes de Manie Ganza et de sa mère sont appétissantes !), le bougre m’a transporté dans un univers savoureux et vivant ! Son dessin, aux couleurs solaires, est le pendant idéal au scénario inventif et débridé de Wilfrid.
Bravo donc au duo d’auteurs, qui nous embarquent dans ce sublime conte, vers une fin toujours inattendue.
Cet article fait parti de « La BD de la semaine », rassemblé chez « yaneck, des « Chroniques de l’invisible« . Allez donc faire un tour !