Voyou aimant à se fracasser les poings dans les fenêtres, poète adulé telle une rock star, Serge Essenine est un cowboy de Moscou. Avec son ami Mariengof, à la chevelure lustrée comme un piano de concert. Ils sont les chefs de la bande des imaginistes et... inséparables.
Mais un beau jour de 1921, surgit du fin fond de l'Ouest, une danseuse plus si jeune, une Américaine aussi célèbre que Lénine, Isadora Duncan…
Avis
Lu dans le cadre d'une opération Masse Critique de Babélio et en partenariat avec Dargaud, la nouvelle oeuvre de Clément Oubrerie que j'attendais de pouvoir lire avec impatience. C'est depuis la série Aya de Yopougon que je suis devenue fan de ses dessins.
Il était une fois dans l'est raconte l'histoire de deux personnages au début des années 20: Serge Essenine poète moscovite et Isadora Duncan grande danseuse américaine qui se voit inviter à Moscou pour fêter la Révolution d'octobre. Elle accepte plus par opportunité que par conviction, car pour elle derrière cette invitation se cache la possibilité de créer une école de danse bien loin des classiques du genre. Parce que la danse pour elle est de rendre au corps tout la passion qui l'habite, et cela commence en route vers la Russie devant des paysans. Extravagante, fière et capricieuse, Isadora fera ses premiers pas dans la grande société russe.
C'est donc cette passion qui séduit Sergueï (Serge) Essenine, poète reconnu certes mais également ivrogne, imbu et violent, il est bien plus jeune qu'Isadora; la rencontre a lieu et la relation mouvementée entre les deux amants démarre sur les chapeaux de roues.
Ce premier tome n'est donc que la mise en bouche d'une série qui promet d'être excellente, le sujet : la romance entre un poète russe et une danseuse américaine me plaît beaucoup.
Je regrette toutefois cette façon de voyager dans le temps à reculons qui ne m'a pas vraiment facilité les choses sans compter les vers du poète qui parsème le récit et qui ne m'ont pas spécialement touché. Par contre la partie consacrée à la jeunesse de la danseuse et de la famille Duncan est particulièrement intéressant pour comprendre sa détermination.
Les dessins de Clément Oubrerie s'accorde parfaitement au scénario de Julie Birmant, quelques traits suffisent à créer un personnage, un paysage et l'aquarelle sied à merveille mais ce qui m'a le plus impressionné est la qualité du rendu sur les scènes de danse, les mouvements fluides de la danseuse apparaissent presque réels. Une BD extraordinaire que je vais sans aucun doute suivre de près.
Le destin tragique de cette danseuse douée et révolutionnaire est marqué dans la BD par un dessin qui résume tout: 14 septembre 1927 à Nice le foulard de la Duncan se prend dans les rayons de la roue.