C'est avec Dear George Clooney, tu veux pas épouser ma mère? et Moi, Ambrose, roi du Scrabble que j'ai eu le coup de foudre pour Susin Nielsen. Dès qu'un nouveau roman paraît, je me le procure les yeux fermés, je postillonne d'enthousiasme.Son dernier roman, On est tous faits de molécules, me fait de l'œil à chaque fois que je sors des toilettes. Il est là, bien en évidence dans ma bibliothèque de romans pour ados, juste en face de la salle de bains. Entre deux romans pour grands, j'ai bifurqué, et j'ai plongé.Stewart, treize ans, est tout un spécimen. Surdoué, fin observateur du monde qui l'entoure, pas gros dans ses culottes et pourvu d'un sens de la répartie enviable. Stewart a toujours voulu avoir une sœur. Son rêve se réalise, mais plutôt que d'avoir une sœur, il hérite d'une demi-sœur. Parce que sa maman est morte. Parce que son père est tombé amoureux d'une collègue. Une chance que son chat Schrödinger est là pour l'aider à traverser ce tourbillon d'épreuves.Schrödinger ne pourra jamais remplacer ma mère, loin de là. Il n'a aucune conversation; il ne sait pas confectionner les nuggets de poulet maison que j'adore; il ne peut pas me chatouiller dans le dos ni m'embrasser sur le front le soir. Mais il a besoin de moi, et moi de lui. Il a besoin de moi pour que je le nourrisse, lui fasse des câlins et jette ses crottes. J'ai besoin de lui pour lui parler, même s'il ne me répond jamais. Et j'ai besoin qu'il dorme à côté de ma tête la nuit, pour ne pas me sentir seul.
Stewart et son père laissent leur vieille maison bordélique. Ils déménagent chez Caroline et sa fille, dans leur maison moderne et épurée. Le gros fauteuil violet et vert, les figurines en céramique et les plaids jurent dans le décor. Mais c'est l'heure des compromis...Les compromis, ce n'est pas la tasse de thé d'Ashley. La nouvelle demi-sœur de Stewart est une garce de première: superficielle, prétentieuse, égocentrique, à moitié homophobe. «Si on soufflait dans une des oreilles d'Ashley, l'air ressortirait par l'autre.» Depuis que son père est sorti du placard et a détruit le tableau de la petite famille parfaite, Ashley en veut au monde entier. Aussi, pas étonnant que l'arrivée de Leonard et de son «nabot de crâne-d'œufs monstroïde de fils» enfonce le clou.Comme je vient juste de fêter mes quatorze ans, elle [son amie à temps partie, Claudia] dit que je dois attendre encore deux ans avant pour pouvoir embaucher un avocat et me faire déconstiper. Attendez. Ce n'est pas ça, le mot. Impossible de me le mettre dans la tête, je dois regarder dans le dictionnaire à chaque fois. Je voulais dire: me faire émanciper, voilà. D'après Claudia, ça veut dire qu'on peut divorcer de ses parents et s'en débarrasser pour de bon. Elle veut aussi divorcer de sa famille. Alors vous voyez: d'accord, elle est légèrement en surpoids, elle ne se lave pas assez souvent les cheveux et elle est loin de m'arriver à la cheville, mais elle comprend ce que je traverse.Quand Stewart intègre le même collège qu'Ashley, c'est l'bout! Sa vie se transforme en «film d'horreur personnel». Grâce au très beau (et très très ignoble) Jared, devant qui Ashley fond littéralement, Stewart et sa demi-sœur découvriront que les coups durs et l'adversité peuvent créer des liens.Avec des thèmes aussi lourds que le deuil, la différence, l'intimidation, on peut s'attendre à une lecture qui fait larmoyer. Eh ben non! Et c'est là que Susin Nielsen frappe. Elle arrive toujours à faire passer la pilule avec une bonne dose d'humour. Son regard sur les ados est empreint d'une grande sensibilité. L'univers qu'elle dépeint est loin d'être rose. Et pourtant, il ne fait jamais noir entre ses pages.Les personnages de Susin Nielsen, particulièrement ses ados cabossés, sont hyper attachants. Stewart est un cas. Il en arrache, mais jamais il ne se pose en victime. Ashley est un cas dans son genre: c'est un cliché ambulant. Autant Stewart est brillant qu'Ashley est nunuche. Et c'est justement ce contraste qui fait en grande partie le charme de ce roman.Un petit clin d'oeil savoureux: Susin Nielsen glisse, ici et là, des titres lus par ses personnages. Stewart a lu Le dôme de Stephen King et l'excellent roman de Sherman Alexie, Le premier qui pleure a perdu. Ashley, elle, en arrache avec la dissertation qu'elle doit rendre sur le roman d'Harper Lee, Ne tirez pas sur l'oiseau moqueurL'écriture de Susin Nielsen est mordante, ses dialogues savoureux. Les éclats de rire garantis. Un roman à deux voix à lire - avant de le glisser entre les mains d'un ado, s'il y en a un pas trop loin.On est tous faits de molécules part chez l'ado d'une amie. Depuis que je lui ai offert Moi, Ambrose, roi du Scrabble, elle est fan, elle aussi! Le journal malgré lui de Henry K. Larsen a pris la place d'On est tous fait de moléculesdans la bibliothèque, bien en évidence. Pendant combien de temps me fera-t-il de l'œil avant que je craque?On est tous faits de molécules, Susin Nielsen, Hélium, 216 pages, 2015. 12 ans et plus.★★★★★
Stewart et son père laissent leur vieille maison bordélique. Ils déménagent chez Caroline et sa fille, dans leur maison moderne et épurée. Le gros fauteuil violet et vert, les figurines en céramique et les plaids jurent dans le décor. Mais c'est l'heure des compromis...Les compromis, ce n'est pas la tasse de thé d'Ashley. La nouvelle demi-sœur de Stewart est une garce de première: superficielle, prétentieuse, égocentrique, à moitié homophobe. «Si on soufflait dans une des oreilles d'Ashley, l'air ressortirait par l'autre.» Depuis que son père est sorti du placard et a détruit le tableau de la petite famille parfaite, Ashley en veut au monde entier. Aussi, pas étonnant que l'arrivée de Leonard et de son «nabot de crâne-d'œufs monstroïde de fils» enfonce le clou.Comme je vient juste de fêter mes quatorze ans, elle [son amie à temps partie, Claudia] dit que je dois attendre encore deux ans avant pour pouvoir embaucher un avocat et me faire déconstiper. Attendez. Ce n'est pas ça, le mot. Impossible de me le mettre dans la tête, je dois regarder dans le dictionnaire à chaque fois. Je voulais dire: me faire émanciper, voilà. D'après Claudia, ça veut dire qu'on peut divorcer de ses parents et s'en débarrasser pour de bon. Elle veut aussi divorcer de sa famille. Alors vous voyez: d'accord, elle est légèrement en surpoids, elle ne se lave pas assez souvent les cheveux et elle est loin de m'arriver à la cheville, mais elle comprend ce que je traverse.Quand Stewart intègre le même collège qu'Ashley, c'est l'bout! Sa vie se transforme en «film d'horreur personnel». Grâce au très beau (et très très ignoble) Jared, devant qui Ashley fond littéralement, Stewart et sa demi-sœur découvriront que les coups durs et l'adversité peuvent créer des liens.Avec des thèmes aussi lourds que le deuil, la différence, l'intimidation, on peut s'attendre à une lecture qui fait larmoyer. Eh ben non! Et c'est là que Susin Nielsen frappe. Elle arrive toujours à faire passer la pilule avec une bonne dose d'humour. Son regard sur les ados est empreint d'une grande sensibilité. L'univers qu'elle dépeint est loin d'être rose. Et pourtant, il ne fait jamais noir entre ses pages.Les personnages de Susin Nielsen, particulièrement ses ados cabossés, sont hyper attachants. Stewart est un cas. Il en arrache, mais jamais il ne se pose en victime. Ashley est un cas dans son genre: c'est un cliché ambulant. Autant Stewart est brillant qu'Ashley est nunuche. Et c'est justement ce contraste qui fait en grande partie le charme de ce roman.Un petit clin d'oeil savoureux: Susin Nielsen glisse, ici et là, des titres lus par ses personnages. Stewart a lu Le dôme de Stephen King et l'excellent roman de Sherman Alexie, Le premier qui pleure a perdu. Ashley, elle, en arrache avec la dissertation qu'elle doit rendre sur le roman d'Harper Lee, Ne tirez pas sur l'oiseau moqueurL'écriture de Susin Nielsen est mordante, ses dialogues savoureux. Les éclats de rire garantis. Un roman à deux voix à lire - avant de le glisser entre les mains d'un ado, s'il y en a un pas trop loin.On est tous faits de molécules part chez l'ado d'une amie. Depuis que je lui ai offert Moi, Ambrose, roi du Scrabble, elle est fan, elle aussi! Le journal malgré lui de Henry K. Larsen a pris la place d'On est tous fait de moléculesdans la bibliothèque, bien en évidence. Pendant combien de temps me fera-t-il de l'œil avant que je craque?On est tous faits de molécules, Susin Nielsen, Hélium, 216 pages, 2015. 12 ans et plus.★★★★★