Je continue à découvrir peu à peu la littérature fantasy (parce que, non, je ne vais pas continuer à lire et relire Tolkien, même si je le place au-dessus de tout !) et j’avoue un faible pour la production française ou francophone depuis Fetjaine et Pevel.
Or donc, j’ai fixé mon choix sur une production Bragelonne, un premier roman signé Antoine Rouaud. Et je n’ai pas été déçue. Alors déjà, si on on me parle d’épées (c’est aussi une quête pour retrouver l’épée de l’empereur), c’est à moitié gagné. Si en plus, on se permet clins d’oeil et allusions à des univers que j’affectionne, l’auteur remporte la victoire.
La chute de l’empire, la naissance de la république, des rebelles et le Souffle m’ont irrésistiblement fait penser à Star Wars. Certes, ce n’est pas une référence littéraire mais je suis de la génération Star Wars, la première trilogie que j’ai découverte ado, 3 ans après la sortie du premier film, et il est vrai que, comme avec Tolkien, le space opera de Lucas a durablement marqué et influencé ma culture et mes goûts. J’ai peut-être tort, mais je vois des références à ces oeuvres un peu partout :-)
Mais ne nous égarons pas. Les destins du jeune rebelle Grenouille et du général déchu, Dun Cadal, m’ont réellement séduite. Le roman débute avec un général vieillissant et alcoolique, qu’une jeune femme mystérieuse, une historienne, vient débusquer dans une taverne de la cité de Masalia. La narration repose sur les souvenirs du vieux général (dont le désastre de la bataille des Salines, qui sera déterminant), puis sur l’histoire racontée par le second protagoniste, le jeune élève baptisé Grenouille. Curieusement, les deux héros de l’histoire ne m’ont pas été sympathiques pendant un bon moment, et c’est sans doute ce qui rend aussi le roman intéressant : deux hommes pétris d’arrogance et de certitudes, avec leurs failles et leur faiblesses, au service d’une cause qui les dépasse quelque peu.
Je ne dévoilerai rien d’autre du récit car on y trouvera nombre de trahisons, complots et révélations qui font le charme du roman. Il m’a semblé d’ailleurs, que l’auteur rendait hommage à Shakespeare, certains personnages portant des noms familiers de l’univers du grand dramaturge. Parmi les nombreux atouts de La voie de la colère, je citerai, outre le cadre historique et ce royaume imaginaire dirigé par un empereur répugnant, un bestiaire de fantasy bien intéressant, des récits de batailles prenants, une intrigue complexe (ah, ce fameux livre, que renferme-t-il ? ) et deux protagonistes attachants, qui naviguent entre devoirs et amitié, regrets et courage. J’ajouterai une mention spéciale à cette particularité magique qu’est le Souffle, une belle trouvaille.
Je n’aurai cependant qu’un seul bémol. Les personnages féminins sont assez inconsistants, les deux principales donzelles sont plutôt décevantes, je crains qu’elles ne soient fatales à notre héros… ça m’agace !
Quoi qu’il en soit, j’ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture, et j’attends de pied ferme la suite, parce suite, il y aura.
PS : comme d’habitude chez Bragelonne, j’ai adoré la couverture.