Mais ni Chee ni Leaphorn n’ont l’occasion de s’appesantir sur leur problèmes, l’enquête en cours les accapare complètement. Pourtant, tout semblait simple et facile : un flic abattu par un vieil homme ivre qui se borne à répéter qu’il a honte. Le présumé coupable ne se défend pas. Mais voilà, une ex-jolie collègue de Chee, devenue avocate et une prof d’université, proche du vieil homme, ne l’entendent pas de cette oreille, obligeant nos deux héros à revoir leur copie.
Comme toujours avec Hillerman, le lecteur se retrouve plongé dans la vie quotidienne de ces irréductibles qui persistent à vivre sur ces terres en apparence désolée, mais pleine de magie et de spritualité.
Sans compter que l’auteur égratigne férocement le milieu universitaire et ses anthropologues, chercheurs et spécialistes chargés de récolter les mythes et légendes amérindiens. A l’en croire, il ne fait bon les fréquenter, ces personnages qui ne songent qu’à écrire l’article du siècle ou le super bouquin qui assoira leur notoriété, au détriment de leurs « sources », ces Navajos dont la mémoire est encore intacte.
C’est ainsi, qu’au fil des pistes poussiéreuses et cabossées, dans la chaleur implacable du désert et l’odeur du genévrier, on découvrira que Coyote vit en chacun de nous, que peindre en blanc un relief basaltique n’est pas que du vandalisme et que les fantômes de Butch Cassidy et le Kid n’ont pas fini de hanter le pays navajo. Un polar où poésie et nature se mêlent harmonieusement à une enquête moins simple qu’elle n’y parait. Un roman qui m’a bien plu, cela va sans dire.
– Si tu aimes les serpents, voici l’exemple parfait du genre d’endroit où tu peux venir les chercher.
– Je ne les aime pas. Je connais toutes ces imbécillités sur les Navajos et les serpents qui sont amis, mais je ne les aime pas. Ils me font peur.
– Nous ne sommes pas censés être amis. De la façon dont la légende présente les chose, Premier Homme et Grand Serpent ont appris à se respecter mutuellement.
On y parvient en ne mettant pas sa main, son pied ou quelque autre partie de sa personne à un endroit où l’on peut pas regarder. De cette manière, on ne marche pas sur son petit frère, on ne s’assoit pas sur lui ou on lui plante pas le doigt dans l’œil. Et en retour, il déclenche sa sonnette pour te prévenir si tu t’aventures sur un territoire dangereux… Ça fonctionne très bien.– Je ne les aime quand même pas.